Louise Chennevière, Mausolée

Tenir

Amou­reuse — fol­le­ment — puis connais­sant les doutes, les men­songes, les lâche­tés, la jalou­sie et l’abandon, l’héroïne devient le sujet d’une his­toire fatale et banale, fami­lière.
Celle de tous les romans d’amour et de la nar­ra­trice de Louise Chen­ne­vière : “C’est là, au seuil de la ville, immense, ten­ta­cu­laire, de cette pre­mière nuit sans toi, que j’ai com­mencé à com­prendre. Com­bien je t’aimais.”. D’où sa révolte progressive.

Car la jeune femme indé­pen­dante, sou­cieuse de vivre sa liberté, se trouve prise par une pas­sion ardente et une rup­ture.
Au cours d’une nuit, dou­lou­reuse, cathar­tique, elle repasse une der­nière fois par tous les sou­ve­nirs, son obses­sion et éprouve l’absence.

Il s’agit d’essorer ce qui peut l’être, accep­ter l’absence, voire enfouir “dans un mau­so­lée de mots”. Ils sont par­fois lyriques, par­fois acerbes pour mieux épou­ser le délire d’une pas­sion contre laquelle la nar­ra­trice se rebelle mais face à laquelle elle ne peut rien.
Tout au bout de la nuit, le livre s’achève : aussi impos­sible que présent.

Le fleuve abon­dant s’irise d’une den­telle poé­tique étrange.
Là où l’écriture sert de bouée de corps tou­jours vivant plu­tôt que mort et, d’une cer­taine manière, de planche de salut.

jean-paul gavard-perret

Louise Chen­ne­vière, Mau­so­lée, P.O.L édi­teur, Paris, 2021, 160 p. — 15,00 €.

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