Marie de Quatrebarbes, Les vivres

Sauver ce qui peut l’être

La poé­sie est une prise de risque. Elle va au plus près de la scis­sion. C’est une aven­ture for­cé­ment en soli­taire mais qui ne cesse d’appeler l’autre dis­paru.
La sin­gu­la­rité se parle au plu­riel. L’inédit opère un dépla­ce­ment : le sillon du nor­mal se voit bous­culé et sa fixité s’efface dans la mou­vance de la créa­tion qui rameute des élé­ments dis­pa­rates du passé.

Sur la crête du livre se façonne la fra­gi­lité de l’être.
Le sujet s’aventure dans un inédit tout en ouvrant les yeux de celles et ceux qui lisent un tel livre.

Se crée le glis­se­ment du contenu vers le conte­nant mais le “je” reste dans le même registre.
Et si les der­niers ins­tants d’un être furent comme des bai­sers enro­bés d’une ombre clan­des­tine appa­raissent peu à peu conden­sa­tion et émer­gence d’une nou­velle signification.

Peut se tendre un nou­veau départ la où passe la langue.
Elle dépouille les mots, pille ce qui en reste pour sau­ver ce qui peut l’être.

jean-paul gavard-perret

Marie de Qua­tre­barbes, Les vivres, P.O.L édi­teur, Paris, juin 2021, 96 p. — 12,00 €.

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