La poésie est une prise de risque. Elle va au plus près de la scission. C’est une aventure forcément en solitaire mais qui ne cesse d’appeler l’autre disparu.
La singularité se parle au pluriel. L’inédit opère un déplacement : le sillon du normal se voit bousculé et sa fixité s’efface dans la mouvance de la création qui rameute des éléments disparates du passé.
Sur la crête du livre se façonne la fragilité de l’être.
Le sujet s’aventure dans un inédit tout en ouvrant les yeux de celles et ceux qui lisent un tel livre.
Se crée le glissement du contenu vers le contenant mais le “je” reste dans le même registre.
Et si les derniers instants d’un être furent comme des baisers enrobés d’une ombre clandestine apparaissent peu à peu condensation et émergence d’une nouvelle signification.
Peut se tendre un nouveau départ la où passe la langue.
Elle dépouille les mots, pille ce qui en reste pour sauver ce qui peut l’être.
jean-paul gavard-perret
Marie de Quatrebarbes, Les vivres, P.O.L éditeur, Paris, juin 2021, 96 p. — 12,00 €.