Les Poèmes du revoir américain rassemblent de notations visuelles précises, immédiates, mais livrées rétrospectivement dans un transfert, d’un continent à l’autre.
Elles accompagnent le déploiement de l’espace qui se glisse dans l’ouverture du paysage, en lente décantation, dans la sensualité du corps et des couleurs.
Fermes rouges en bois, routes interminables, gobelets de pierre : tout est saisi de torpeur dans un road-poème qui avance au ralenti, entre autres, vers le corps des femmes.
Mais il y aussi les hommes au travail qui deviennent dans l’effort comme des “sacs tassés dans l’espace de la respiration”.
Existe également des visions picturales de silhouettes dans aéroports et supermarchés jusqu’à se perdre dans l’extase d’une sensation que le voyageur a éprouvée et qui, peu à peu, se dissout mais que le poème retient.
C’est une manière de cultiver l’absence, remuer des souvenirs et s’émouvoir de la beauté d’un tel passé moins simple que recomposé.
jean-paul gavard-perret
Emmanuel Laugier, Poèmes du revoir américain, Unes Editions, juin 201, 76 p. — 16,00 €.