Jean-Luc Bannalec, Une enquête du commissaire Dupin — Enquête troublante à Concarneau

Un bel hom­mage à la Bre­tagne et à un autre Georges

Jean-Luc Ban­na­lec, cet Alle­mand amou­reux de la Bre­tagne, entraîne son héros, pour sa hui­tième enquête, à Concar­neau, la ville où il vit depuis quelques années, depuis son départ de Paris. Le roman­cier, dont le pseu­do­nyme est éga­le­ment le nom d’une ville bre­tonne proche de Concar­neau, dépeint lar­ge­ment l’art de vivre dans cette région, dans cette cité por­tuaire. Il dépeint les lieux, mêlant réa­lité et fiction.

Georges Dupin est étendu dans l’herbe, à la pointe du Raz et admire ce pano­rama à cou­per le souffle. Il est là car il veut du pois­son sorti du tout nou­veau fumoir et il fuit le com­mis­sa­riat où, depuis un mois, les tra­vaux d’aménagement font vivre un enfer à l’ensemble de ses col­la­bo­ra­teurs. Ceux-ci, pour la plu­part, ont pris des congés pour fuir la pous­sière et l’odeur de pein­ture.
Un appel télé­pho­nique des parents de Claire ruine la soi­rée qu’il pro­je­tait de pas­ser en amou­reux. Puis, madame Cha­bo­seau l’appelle pour lui annon­cer qu’elle a trouvé son mari, le méde­cin, dans la cour, tombé de son bureau du troi­sième étage. Il tente, alors, de joindre Nol­wenn et Le Ber sans suc­cès, et envoie sur place les deux nou­velles recrues, Rosa Le Menn et Iris Navou.

Chabo­seau fait par­tie des notables de Concar­neau. For­tuné, il col­lec­tionne des tableaux. Il inves­tit, par­ti­cipe au déve­lop­pe­ment de la ville avec Bre­can Pri­zial, à la tête d’un consor­tium de phar­ma­cies et Jodoc Luzel, un négo­ciant en vins. Le légiste découvre un héma­tome ante mor­tem. Le meurtre est plus que pro­bable.
Dupin, qui connaît beau­coup de monde à Concar­neau, s’investit pour conclure son enquête rapi­de­ment. Très vite, il col­lec­tionne les sus­pects, mais il doit aller plus loin car, comme lui a dit Fran­çoise, une gale­riste, il va devoir : “…plon­ger dans toutes les couches de la ville, je le crains. Fure­ter très pro­fon­dé­ment. Plus que tu n’aimerais.

La Bre­tagne et ses décors occupent donc une place impor­tante dans les livres de Ban­na­lec. L’auteur joue les guides tou­ris­tiques et dis­tille, au fil des pages, inté­grées au mieux dans le dérou­le­ment de l’action, mille infor­ma­tions sur les lieux, qu’il s’agisse de cou­tumes, d’histoire, de légendes, de don­nées éco­no­miques, de cui­sine. Dupin est un fin gour­met et avec Claire, sa com­pagne par ailleurs chef du ser­vice de car­dio­lo­gique dans une cli­nique de Quim­per, il hante les bonnes tables.
Ainsi, l’hôtel-restaurant L’Amiral existe bel et bien et offre sur sa carte, les mets dégus­tés par le gour­mand Georges. Il raconte l’histoire de la ville, revient sur les évé­ne­ments mar­quants qui se sont dérou­lés dans celles-ci.

Le roman­cier appuie une par­tie de son intrigue en réfé­rence au roman de Georges Sime­non (Tiens ! Un Georges !), Le Chien jaune dont l’enquête, menée par le com­mis­saire Mai­gret, se déroule sur quatre jours à Concar­neau. Dans ce roman paru en avril 1931, on retrouve un pré­nom simi­laire, clef de l’intrigue de la pré­sente enquête, éga­le­ment un trio de tristes sires. Dupin apprend que Sime­non s’est ins­piré de faits réels dont il a eu connais­sance lors de son séjour dans le port bre­ton, même si l’écriture du livre s’est dérou­lée dans d’autres lieux.
Par ailleurs, Jean-Luc Ban­na­lec remer­cie un cer­tain John Sime­non, un fils du célèbre créa­teur de Mai­gret, qui gère le patri­moine de son père à tra­vers la Georges Sime­non Ltd.

L’action se déroule sur deux jours, le troi­sième pro­po­sant, l’enquête bou­clée, une conclu­sion douce-amère, une réflexion pro­fonde sur la notion de culpa­bi­lité, sur l’importance de celle-ci par rap­port aux faits, aux racines, aux consé­quences.
Ce nou­veau roman est cap­ti­vant tant pour la décou­verte de ce port bre­ton que pour une intrigue menée de main de maître jusqu’à un dénoue­ment peu attendu et qui interpelle.

serge per­raud

Jean-Luc Ban­na­lec, Une enquête du com­mis­saire Dupin — Enquête trou­blante à Concar­neau (Bre­to­nisches Ver­maäch­tis Kom­mis­sar Dpins ach­ter Fall), tra­duit de l’allemand par Pierre Mal­her­bet, Les Presses de la Cité, mars 2021, 352 p. – 21,00 €.

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