Le poème du Haschich de Walter Benjamin
Marseille est la ville où Walter Benjamin vécut ses dernières semaines durant l’été 1940 avant sa mort tragique. Mais bien avant (1929), elle fut également le champ d’expériences nouvelles. Entre autres le haschich.
Dans un petit bar, il “se mit à produire son enchantement intime, au fond canonique, avec une précision primitive, comme je ne l’avais peut-être jamais ressenti auparavant” écrit l’auteur.
Existe soudain une révolution mentale provisoire. Sa “lanterne” se voit tout à coup éclairée autrement. Benjamin découvre des expériences olfactives et visuelles : “je fus littéralement fasciné par ces visages qui m’entouraient et qui pour la plupart étaient remarquablement farouches ou laids”.
A une certaine “bestialité” fait place le ravissement.
A l’inverse de Baudelaire dans le poème du Haschich, Benjamin ne compare pas cette expérience ” à un suicide lent, à une arme toujours sanglante et toujours aiguisée”.
L’auteur décrit ses divers états de conscience, ses exagérations soudaines non seulement des individus, mais des circonstances et du milieu.
L’esprit du fumeur d’haschich n’est pas habité de cauchemars. Bien au contraire. Les transformations causées par le haschisch lui fournissent des hallucinations nouvelles où le monde prend des apparences singulières.
L’expérience est troublante et pour un temps l’auteur en devient le chantre. Ce n’est en rien un “poison”.
jean-paul gavard-perret
Walter Benjamin, Haschich à Marseille, dessisn de Julio Silva, éd. Fata Morgana, nouvelle édition avril 2021, 40 p. — 11,00 €.