Quand le passé douloureux vous rattrape
Sébastien quitte son deux-pièces parisien pour retrouver Bordeaux où il pourra finir l’écriture de son nouveau roman. Aurélie, sa cousine, lui fait découvrir une librairie dans une rue à l’écart. Il sympathise avec le libraire.
En revenant quelques jours plus tard, il furète et tombe sur une pile de livres en attente d’étal. La couverture l’interpelle. Le libraire lui offre un exemplaire de Le Temps d’un Eté, ce futur succès de l’année, le premier livre écrit par une romancière anglaise dont personne ne sait rien.
La lecture le bouleverse, le plonge dans un passé qu’il veut oublier depuis vingt ans. La similitude du récit avec ce qu’il a vécu dans son village natal est perturbante. Les noms sont à peine voilés, la description des lieux, des anecdotes connues de lui seul, la passion pour la lecture, pour l’écriture tout lui rappelle Julie, assassinée, il y a vingt ans par un tueur en série qui a sévi dans la région. Son cadavre n’a jamais été retrouvé…
Sébastien qui voulait fuir ces moments, les oublier veut comprendre. Comment est-ce possible ? Comment ce roman a-t-il pu être écrit ? Qui se dissimule sous le nom de la romancière ?
Un livre dans un livre, un retour dans un passé douloureux que le héros a tout fait pour l’oublier. Julie, son amour de jeunesse, et lui s’entendaient à merveille. Ils formaient avec Arnaud, Emilie et Vincent un groupe d’amis très soudés. Et puis le drame, On n’a retrouvé que son sac à dos. Sébastien a fui. Il a quitté la région pour oublier tout ce qu’il a perdu en perdant Julie.
Il revient sur les lieux, questionne, enquête, fait jouer se relations parisiennes dans l’édition pour identifier cette mystérieuse romancière. Il renoue avec ceux qui encore là, ses ex-amis, la famille qui lui reste.
Parallèlement, Sébastien Didier nourrit son intrigue avec des éléments présentés avec une remarquable fluidité, les emboitant avec art pour générer une tension qui va croissante jusqu’à un dénouement remarquable. Avec Le Temps d’un Eté, où Julie, férue de littérature et d’écriture, fait la connaissance d’un vieil homme, écrivain en panne d’inspiration, le romancier évoque les problèmes de l’écriture, les difficultés inhérentes à cette activité, à cette passion.
Il rend hommage à une littérature de genre en citant, tant dans le vécu du héros que dans la fiction, Agatha Christie, Conan Doyle.
Avec le groupe d’adolescents, l’auteur ne fait-il pas un clin d’œil au Club des Cinq, bien que dans ce cas, il laisse le soin au lecteur le choix du personnage qui assure le rôle de Dagobert, le chien de Claude ?
L’intrigue qui s’inscrit comme un puzzle aux nombreuses pièces à assembler, fait émerger des coïncidences étranges, oblige à suivre un jeu de piste qui réserve jusqu’au bout son suspense. Brillant !
lire le début du livre
serge perraud
Sébastien Didier, Ce qu’il nous reste de Julie, Hugo, coll. “Thriller”, avril 2021, 432 p. – 19,95 €.