Manfredi Beninati et les mondes oniriques — entretien avec l’artiste

Après des études de droit et avoir col­la­boré avec de célèbres cinéastes ita­liens, Man­fredi Beni­nati a com­mencé sa car­rière artis­tique pour se consa­crer au des­sin. Après un séjour en Espagne et en Angle­terre, de retour en Ita­lie en 2002, il s’oriente vers la sculp­ture et un type de pein­ture figu­ra­tive qui s’inspire direc­te­ment de sou­ve­nirs d’enfance, réels ou ima­gi­naires (le plus sou­vent).
Il vit aujourd’hui entre Palerme et Los Angeles. Ses pein­tures et ses des­sins semblent sou­vent man­quer d’un ordre et d’un sujet appa­rent. S’y sub­sti­tuent des jeux de stra­ti­fi­ca­tions à l’intérieur d’une mai­son ou en des pay­sages fan­tas­tiques, fluides, aériens, oni­riques, fée­riques. Le tout en des espaces inac­ces­sibles. Ils exigent du spec­ta­teur une forme de voyeu­risme d’un genre particulier.

“Tema libero. La coper­tina bianca di Vogue Ita­lia inter­pre­tata da 49 artisti”, Vogue Ita­lia, mars 2021

Entre­tien : 

Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
Le besoin de me faire un café. (IL VOLER FARMI UN CAFFè).

Que sont deve­nus vos rêves d’enfant ?
Ils ont grandi avec moi. (SONO CRESCIUTI CON ME )

A quoi avez-vous renoncé ?
A la mor­ta­lité sereine (ALLA SERENA MORTALITA’ ).

D’où venez-vous ?
D’un ins­tant d’idiotie de mes parents. ( DA UN MOMENTO DI IDIOZIA DEI MIEI GENITORI )

A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
A moi, je m’épouvanterais. (A ME STESSO. MI SPAVENTEREI).

Qu’est-ce qui vous dis­tingue des autres artistes ?
La concen­tra­tion (LA CONCENTRAZIONE ).

A quoi avez-vous renoncé pour votre tra­vail ?
La mer. (IL MARE)

Où et com­ment travaillez-vous ?
Dans mon monde, conti­nuel­le­ment sans pauses. Même la nuit, même quand je dors. (NEL MIO MONDO, CONTINUATIVAMENTE SENZA PAUSA. ANCHE DI NOTTE, ANCHE DORMENDO)

Quelle musique écoutez-vous en tra­vaillant ?
Le bruit des mes sou­liers, des outils que j’utilise, de ma res­pi­ra­tion deve­nue l’halètement d’un fumeur invé­téré. (IL RUMORE DELLE MIE SCARPE, DEGLI ATTREZZI CHE STO USANDO, DEL MIO RESPIRO AFFANNATO DA FUMATORE INCALLITO)

Quel livre aime­riez vous relire ?
“Le Baron Per­ché” d’Italo Cal­vino. (IL BARONE RAMPANTE DI CALVINO).

Quels sont les livres qui vous font pleu­rer ?
Ceux qui décrivent le monde comme un lieu où peut exis­ter la fra­ter­nité. ( QUELLI CHE DESCRIVONO IL MONDO COME UN POSTO DOVE ESISTE FRATELLANZA).

Lorsque vous vous regar­dez dans votre miroir qui voyez-vous ?
Moi-même, chaque fois plus vieux. Ce serait très bien de pou­voir conti­nuer à le faire long­temps encore. ( ME STESSO OGNI VOLTA PIù VECCHIO. SAREBBE MOLTO BELLO POTER CONTINUAREFARLO PER MOLTO TEMPO ANCORA).

Quels sont les tra­vaux ména­gers qui vous rebutent le plus ?
Repas­ser, je crois. Je n’en suis pas sûr car je ne l’ai jamais fait. Mes vête­ments ne sont jamais repas­sés. (STIRARE, CREDO. NON NE SONO SICURO POI­CHè NON L’HO MAI FATTO. I MIEI INDUMENTI NON SONO MAI STIRATI).

De quels artistes vous sentez-vous proche ?
De ceux qui se tiennent aussi loin que pos­sible des autres artistes. Je pense la même chose qu’eux (QUELLI CHE STANNO ALLA LARGA DAGLI ALTRI ARTISTI. LA PENSO COME LORO).

Qu’aimeriez-vous rece­voir pour votre anni­ver­saire ?
La pro­messe que per­sonne me télé­phone jusqu’à mon pro­chain anni­ver­saire. (LA PROMESSA CHE NESSUNO MI TELEFONI FINO AL PROSSIMO COMPLEANNO).

Que défendez-vous ?
Le droit d’être le fruit de ma propre pen­sée pas endoc­tri­née. Je suis un uto­piste, je m’en rends compte. (IL DIRITTO AD ESSER IL FRUTTO DEL PROPRIO PENSIERO NON INDOTTRINATO. SONO UN UTOPISTA, ME NE RENDO CONTO).

Que vous ins­pire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est don­ner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas”?
A Ponce Pilate. Cela me paraît très pra­tique. (A PONZIO PILATO. MI PARE MOLTO CONVENIENTE!)

Enfin que pensez-vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la ques­tion ?“
Que W. Allen ne doit pas être très intel­li­gent. Je trouve aucune sti­mu­la­tion dans ce mot d’esprit à deux sous. (CHE W. ALLEN NON DEVESSERE MOLTO INTELLIGENTE. NON TROVO ALCUNO STIMOLO IN QUESTE FREDDURE DA QUATTRO SOLDI).P

Pré­sen­ta­tion, entre­tien et tra­duc­tion par  jean-paul gavard-Perret pour le litteraire.com, le 02 juin 2021.

Leave a Comment

Filed under Arts croisés / L'Oeil du litteraire.com, Echos d'Italie / Echi dell'Italia

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>