Yves Namur, Dis-moi quelque chose

Sauve qui peut la vie

“Dis-moi quelque chose” est la phrase répé­tée 115 fois pour ouvrir des sizains décou­pés en vers uniques, dis­tiques, ter­cets.
Le déca­syl­labe est choisi par l’auteur pour sa musique de mur­mure plus ou moins voilé.

Ces quelques vers consti­tuent à peine une demande. C’est juste un appel dis­cret à l’autre, une injonc­tion douce et presque silen­cieuse. Et ce, contre un pos­sible aban­don donc une perte.
Existe donc un sou­pir pour une ouver­ture et un retour de mots “en repons” qui aide­raient à vivre.

A chaque adresse res­sassé, s’espère ou s’étouffe le monde. Avant que tout finisse et pour rete­nir des enclaves de den­sité encore pos­sibles chez un poète qui, à mesure que le temps passe, connaît toute l’importance de ce qui arrive.
Cette suite de “brèves” (qui n’ont rien de comp­toir) ramène au cycle du temps.

Namur ne cherche pas for­cé­ment à véri­ta­ble­ment “dire” là où le com­ment dire flirte avec son contraire : com­ment ne pas dire. Même si le plus mal­adroit des mots pour­rait per­mettre de sor­tir de l’abîme, des inquié­tudes phy­siques et méta­phy­siques et de la menace de la fin.
Au fil du temps et de ses sai­sons, en arra­chant “Quelque chose qu’on ima­gine / De l’ordre du peu du simple / Ou de l’invisible”, l’objectif est donc de tenir encore, tenir, dans un “sauve qui peut la vie”.

jean-paul gavard-perret

Yves Namur, Dis-moi quelque chose, Arfuyen, 2021, 156 p. — 14,00 €.

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