Chute de civilisation et dictature
Un cataclysme a privé l’humanité de ses technologies. Les survivants sont retournés à un état primal où la force musculaire et les armes de poing permettent de survivre.
François, un jeune homme, est à la tête d’un petit groupe qui a décidé de quitter Paris pour le sud de la France. Ils chevauchent des motos. François, en arrivant en vue d’une unité de production de cycles, veut s’affranchir de la nécessité de se fournir en carburant. Ils déferlent sur des gardiens, en tuant un certain nombre au passage. Puis, il fait charger, dans le camion qui a le réservoir le mieux rempli, des bicyclettes. Mais, ils sont poursuivis par les gardiens survivants. En faisant un barrage avec les motos, en crevant les réservoirs et en enflammant le carburant, ils échappent à leurs poursuivants.
Lors du bivouac du soir, François se heurte à un différend quant à la poursuite de leur périple. La majorité veut conserver le camion comme abri alors que lui préconise de l’abandonner pour poursuivre leur route à vélo. S’ils veulent continuer selon leur souhait, il leur faut trouver un autre chef…
L’idée du cataclysme qui détruit les fondements d’une civilisation a toujours été très présente dans l’imaginaire humain. Les causes de ces destructions sont diverses et variées, que celles-ci soient à l’initiative d’un dieu comme avec les déluges, qu’elles soient l’œuvre des hommes eux-mêmes avec, par exemple, des explosions atomiques, la pollution ou qu’elles émanent d’une menace physique hors de contrôle comme la chute d’un énorme météorite dans le golfe du Mexique.
Comme dans le roman, Jean-David Morvan s’attache à suivre les pérégrinations d’un groupe d’individus dirigé par celui qui s’instaure comme chef et qui va, très vite, ne pas supporter la contradiction. Le scénariste interroge sur les liens entre commandement et autoritarisme, le fait d’exercer le premier amène-t-il presque toujours le second ? Les exemples d’une telle évolution sont nombreux et à tous les échelons sociaux.
Mais, si quelques thèmes du roman sont respectés, Jean-David Morvan prend des libertés avec l’œuvre de René Barjavel pour développer ceux qui semblent avoir sa préférence comme les rapports entre les individus, la technologie futuriste et l’expérimentation sur l’humain…
Rey Macutay est un dessinateur philippin qui a travaillé pour des studios d’animation de Manille. Il a abordé la publicité avec des story-boards de spots pour la télévision. En France, aux éditons Glénat, on lui doit la mise en images d’un album sur Jaurès, cette grande figure du vrai socialisme. Pour Ravage, il assure un dessin réaliste, riche en décors détaillés. La couverture illustre une situation qui est restée inexploitée.
Ce troisième tome clôt la série avec un dénouement lapidaire.
serge perraud
Jean-David Morvan (scénario d’après le roman éponyme de René Barjavel), Rey Macutay (dessin) & Walter (couleurs), Ravage – tome 3/3, Glénat, coll. “24x32”, mars 2021, 48 p. – 13,90 €.