Denis-Pierre Filippi & Patrick Laumond, Terra Prohibita – t.02 : “Patient zéro”

Un tempo qui s’emballe…

Les élé­ments consti­tu­tifs de cette tri­lo­gie sont mul­tiples entre les plantes et leurs capa­ci­tés, les secrets de gou­ver­ne­ment, les recherches bio­lo­giques, les inté­rêts de cer­tains per­son­nages, la pour­suite du crime… Le scé­na­riste conçoit un uni­vers où la flore se déve­loppe de façon anar­chique, annexant les ter­ri­toires, à l’image de ces lieux aban­don­nés par les humains où la sylve prend pos­ses­sion de tout l’espace, détrui­sant les construc­tions. Ici, de plus, elle mute de façon dan­ge­reuse en géné­rant des venins, des sèves cor­ro­sives.
Il met en scène son his­toire dans un monde qui intègre le steam­punk et reprend les grands prin­cipes de l’Art nou­veau, lequel s’était ins­piré des plantes et des fleurs. La boucle est bouclée !

En 1909, des muta­tions incon­trô­lables de plantes ont rendu des zones inha­bi­tables, telle l’Angleterre trans­for­mée en une jungle hos­tile et luxu­riante. Un petit groupe d’individus va cher­cher à décou­vrir les causes de ces modi­fi­ca­tions et les res­pon­sables.
Dorian Sin­ger est à la fois bio­lo­giste et exé­cu­teur de basses œuvres. Valé­rie Ker­veillan, une jour­na­liste, dirige une agence et enquête, tant pour répondre à la demande d’une cliente qui recherche son fiancé, que pour son compte per­son­nel. Sa moti­va­tion reste à décou­vrir. Mel­ville, un ins­pec­teur de la police pari­sienne, s’attache aux pas de Dorian car il est per­suadé que celui-ci… Valé­rie, son équipe, et Dorian se sont intro­duit dans le Grand Palais à Paris, tota­le­ment bou­clé parce que tout le quar­tier est conta­miné. Sur­pris, ils pensent ne pas avoir été repérés.

On retrouve, dans le second tome, Valé­rie et son groupe dans un aéro­nef en per­di­tion, pour­suivi par les spe, des agents des Forces Spé­ciales. Elle tente une manœuvre très ris­quée, uti­li­sant des secours peu com­muns. Quelques heures plus tôt, ils s’étaient échap­pés de leur habi­ta­tion, se par­ta­geant en deux groupes. Dorian et Mel­ville sont par­tis chez le pro­fes­seur Pit­ter­son pour lui faire dire où se trouvent les nou­veaux locaux de recherche du gou­ver­ne­ment. Il finit par lâcher que ceux-ci ont été ins­tal­lés dans la cité aérienne, un ouvrage ultra­sé­cu­risé, ce qui ne freine pas les pro­ta­go­nistes mal­gré les dan­gers encou­rus.
Quand ils inves­tissent le site, les sur­prises sont mul­tiples pour Valé­rie et Mel­ville car Dorian se révèle riche en capa­ci­tés diverses…

Si, dans le pre­mier tome, le récit s’appuyait de façon presque égale sur trois per­son­nages prin­ci­paux, à savoir Valé­rie, Dorian et Mel­ville, dans cette second par­tie, la figure de Sin­ger s’impose dévoi­lant des res­sources innom­brables. Pour le titre du pré­sent album, Denis-Pierre Filippi s’est-il nourri de l’actualité car les médias ont évo­qué, jusqu’à la nau­sée, la recherche du patient zéro de la pan­dé­mie Covid 19 ?
Il intro­duit un humour cor­ro­sif dans son récit, en par­ti­cu­lier entre Sin­ger et Mel­ville qui se cha­maillent à l’image d’un vieux couple.

Cette série béné­fi­cie, outre un scé­na­rio par­ti­cu­liè­re­ment attrac­tif et inno­vant, d’un gra­phisme proche de la per­fec­tion, tant pour le des­sin de Patrick Lau­mont que les cou­leurs par­ta­gées entre Piky Hamil­ton et Aran­cia stu­dio. Ils donnent des décors stu­pé­fiants, mariant avec brio monu­ments, exté­rieurs et inté­rieurs de bâti­ments, avec les pré­sences végé­tales. Patrick Lau­mont ose des vues aériennes et ter­restres, des plon­gées et des pers­pec­tives auda­cieuses, jouant avec aisance de toutes les pos­si­bi­li­tés offertes par le des­sin. Les per­son­nages bougent de façon très dyna­mique au rythme tonique du scé­na­rio. Il fait œuvre d’une ima­gi­na­tion fer­tile pour enchan­ter ses planches.
La mise en cou­leurs est à l’avenant, appor­tant une valeur indé­niable, mul­ti­pliant le res­senti des ambiances et des actions.

Une suite d’actions inno­vantes dans un cadre superbe avec une intrigue dense où les masques tombent les uns après les autres, bien qu’il en reste encore quelques-uns de remar­quables. Un second tome qui ne déçoit pas les attentes sus­ci­tées par le volume pré­cé­dent et qui fait attendre, presque en tré­pi­gnant, la conclusion.

serge per­raud

Denis-Pierre Filippi (scé­na­rio), Patrick Lau­mond (des­sin), Piky Hamil­ton & Aran­cia stu­dio (cou­leur), Terra Pro­hi­bita – t.02 : Patient zéro, Glé­nat, coll. “24x32”, avril 2021, 48 p. – 13,90 €.

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