Cette série débutée en septembre 2011 trouve une conclusion très attendue par des milliers de lecteurs.
La quasi-totalité de l’histoire se déroule sur Monplaisir, une cité tentaculaire entièrement dédiée aux loisirs. Dans cette société futuriste où l’Humanité a essaimé dans les étoiles, les colons disposent de deux semaines par an dans ce lieu magique pour oublier leur dur labeur. Tout est pensé pour répondre à toutes demandes des plaisirs honnêtes. Une police, les Urban Interceptors, veille pour arrêter les délinquants. Un jeu, intitulé Interceptor Urban, consiste à parier sur l’arrestation d’un criminel par un membre de la police.
Cette cité a été imaginée par Springy Fool, un génie de l’informatique qui a créé A.L.I.C.E., une IA qui gère l’ensemble. Elle a pris comme avatar, pour la représenter, la figure d’Alice alors que Springy a l’apparence du lapin. Zacchary Buzz est un jeune fermier au gabarit impressionnant qui souhaite intégrer les Urban Interceptors. Il réussit si bien que les circonstances l’amènent à accéder au poste de chef de cette police.
Ce dernier opus s’ouvre en mars 2019 à Washington lors de la présentation d’un dessin animé destiné à inciter des jeunes asociaux à mieux respecter les forces de l’ordre. Puis l’action revient sur Monplaisir où deux attentats sèment la panique parmi les colons. Ceux-ci se ruent sur les quelques convois en partance. Personne en veut attendre les croiseurs qui vont arriver. Et, c’est l’accident.
Springy veut que Zacchary s’affiche à la télévision pour calmer la population. Il a acquis une aura auprès du public depuis qu’il a mené un combat victorieux contre le tueur à gages Antiochus Ebrahimi. Il finit par accepter alors que la mère de Roman propose une forte somme au chef du bataillon qui embarque pour remettre de l’ordre sur Monplaisir. Zacchary est devant le prompteur quand il revoit la scène où Fool commandite l’assassinat de son fils illégitime Niels Colson. Il énonce, en direct, les faits et puisqu’il en a le pouvoir en tant que chef de la police, il lance une partie d’Urban Interceptor contre Springy…
Le scénariste imagine un univers qui ressemble à un Disneyland gigantesque en exagérant certaines procédures de fonctionnement. C’est l’omniprésence de l’informatique, le matraquage de l’information. Tout est codifié, structuré pour que les populations soient constamment sollicitées, poussées à faire encore plus. C’est aussi le déferlement des passions, celles des joueurs, mais également celles de celui qui se cache derrière le masque du Springy Fool.
Luc Brunschwig joue avec un rare talent avec ces éléments pour une histoire prenante et une intrigue addictive.
Le dessin et les couleurs de Roberto Ricci donnent des planches presque parfaites tant l’alliance des deux techniques s’imbriquent. On lui doit des personnages qu’il se plaît à placer dans toutes les positions possibles, à la fois réalistes et proches de la caricature. Dans ses décors futuristes, il met en scène des actions toniques et livre des pages qui ravissent le regard.
On peut compter sur l’esprit inventif de Luc Brunschwig pour apprêter un dénouement peu commun de cette saga futuriste. Et, effectivement, le défi est relevé et la conclusion à la hauteur des attentes, bien dans la façon d’appréhender le présent par le scénariste.
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serge perraud
Luc Brunschwig (scénario) & Roberto Ricci (dessin et couleur), Urban – t.05 : Schizo robot, Futuropolis, mai 2021, 80 p. – 16,00 €.