Il n’est de bonne compagnie que petite…
A la fin du Tiers Livre, Pantagruel, Panurge et leur coterie s’embarquent pour aller prendre l’oracle de la Dive Bouteille, quête qui sera l’objet du Quart Livre, vrai-faux récit de voyage.
C’est à un vrai récit de voyage que nous convie Nicolas de Rabaudy dans cet ouvrage. On y passe du bordelais à la Bourgogne, du Sauternes à la Romanée Conti. L’index des noms est à lui seul un menu : on y croise les grands noms d’aujourd’hui (Guy Martin, Alain Ducasse, Alain Senderens, Pierre Hermé), d’hier (Oliver, Bocuse), et d’autres plus ou moins curieux ou attendus : Baudelaire, Shakespeare, Hugo, Cervantès…
Comme dans la cave de l’amateur éclairé, on n’y trouve que du bon, forcément choisi en fonction des circonstances.
Il n’est de bonne compagnie que petite, aussi est-ce toujours en petit comité que se déguste le plaisir de la bonne chère et des bons vins, comme l’auteur l’affirme, dans un chapitre consacré au Champagne : « Déclassement ? le nectar de la fête se boit en 2010 sans cérémonial, à n’importe quel moment. Le vrai champagnophile ne peut que s’offusquer d’une telle dérive, la valse des flûtes promenées dans les pince-fesses où l’on se remplit la cavité buccale sans humer ni goûter – le vin servi reste anonyme, sans marque ni millésime. Vin de sociabilité, de politesse, d’égards, non à la banalisation des flûtes » (p. 84).
C’est ainsi dans une promenade idéalisée (mais pas irréalisable !) que nous emmène l’auteur, par mets et par vins, aux quatre coins du monde, mais sans l’horrible mondialisation.
yann-loïc andre
Nicolas de Rabaudy, Des hommes, des vins et des émotions, souvenirs d’un amateur de grands crus, Editions du Rocher, 2013, « Documents », 250 p., 20 €.