Le héros de ce roman de déformation plus que de formation est très jeune passionné par les lieux clos : les pensions de famille ou de retraite.
Pas étonnant dès lors que; plus ou moins animé par le seigneur, il se sent pousser des ailes mais pas forcément des désirs propres à son âge.
Il rêve d’appartenir à l’ordre le plus prestigieux du catholicisme : celui des Jésuites. C’est pour lui une manière de faire son paradis sur Terre et de garder un esprit saint. Pour le corps, il n’en va pas de même.
Mais il ne cache en rien ses pensées et ses actes sans forcément vouloir séparer le bon grain de l’ivraie.
Bien des inconnus hantent la tête du narrateur. Quittant la littérature pour les mathématiques “afin de n’être plus jamais repris par personne”, une telle stratégie se trouve fallacieuse. Sa soeur cadette n’y est pas pour rien mais elle n’est pas la seule.
De toute façon, lorsque les corps sont soumis à leur destin tout est bon — même les disques de Françoise Hardy.
Preuve que les voies d’une sainteté sont impénétrables. Un brave curé est là pour sortir ce quasi nourrisson mystique de certaines images douteuses afin de l’orienter vers la Compagnie de Jésus idéale (peut-être) à qui rêve d’une roideur morale.
A côtoyer un saint homme, le héros croit le devenir.
Mais les chemins de la “liberté” prennent des tournants là où l’homosexualité — mais pas seulement — se dresse comme un obstacle. En dépit de certaines impulsions et d’autres qui en sont la parfaite contradiction, une décision est prise. Du moins partiellement.
Plus question d’entrer dans la prêtrise mais ne pas renoncer à demeurer Compagnon de Jésus. De manière provisoire.
Nous suivons non sans attrait et c’est peu dire les affres de celui qui bascule dans des aventures pas toujours sacerdotales. Dès lors, sa vie va bringuebaler et presque virer de bord.
Le corps a en effet des raisons que la religion et ses amants ignorent.
jean-paul gavard-perret
Paul Auer, Les Amants de Jésus, Cherche Midi, Paris, avril 2021, 320 p. — 19,00 €.