Denis-Pierre Filippi & Gaspard Yvan, La Dernière ombre — Chapitre 1

Dans la tour­mente de la guerre…

Dans un lieu indé­fini, dans un conflit qui semble être un de ceux de la Révo­lu­tion russe, un groupe de sol­dats et de civils sont livrés à eux-mêmes.
Bien que la plu­part soient gra­ve­ment bles­sés, ils doivent sans moyens de trans­ports rejoindre l’arrière, s’éloigner des zones de combats.

Dans un pay­sage mon­ta­gneux, enneigé, un biplan mitraille un groupe de sol­dats et fait deux morts plus un nou­veau blessé grave. Le groupe est épuisé. Il faut trou­ver un refuge. Dimi­tri, qui a vécu dans la région, sait qu’il y a un manoir dans le coin. L’ex-capitaine Svoga et le méde­cin prêchent pour cette solu­tion contre l’avis du lieu­te­nant Kulia­kov qui veut rega­gner les lignes à l’arrière. Celui-ci finit par se rendre aux argu­ments et le groupe arrive en vue du bâti­ment. Des enfants, depuis un œil-de-bœuf, voient arri­ver des êtres fan­to­ma­tiques entou­rant deux fillettes, les enfants du méde­cin.
La baronne qui entrouvre la porte semble ter­ro­ri­sée et leur demande de par­tir. Une fusillade éclate. Svoga, avec quelques valides, a contourné l’édifice. Ils découvrent des déser­teurs alle­mands et russes et font pri­son­niers ceux qui ne sont pas tués.
C’est la fille aînée du méde­cin qui découvre que la baronne cache quatre enfants dans son gre­nier. En reve­nant près de sa sœur, elle est agres­sée par un sol­dat. Elle fuit, et alors qu’elle va être rat­tra­pée, une sil­houette sombre s’interpose…
Et des sol­dats évoquent La Der­nière ombre…

Dans le refuge où s’installe cette troupe qui ne pense plus guère aux com­bats, gra­vitent des groupes à l’existence encore dis­si­mu­lée et dont les moti­va­tions res­tent incer­taines. Et les légendes vont bon train dans ce manoir où le baron tient des pro­pos peu cour­tois, son épouse tente de don­ner le meilleur confort à tous ceux qui se sont réfu­giés sous son toit.
Ainsi, les enfants parlent d’un fan­tôme qui leur semble bien­veillant alors que les sol­dats évoquent La Der­nière ombre. Au milieu de ces bille­ve­sées, deux hommes gardent une cer­taine rai­son, l’ex-capitaine qui pro­fesse des idées sociales, pas tou­jours huma­nistes, quoique !, et le méde­cin qui est atta­ché à son devoir de soi­gner coûte que coûte.

Le gra­phisme est assuré de belle manière par Gas­pard Yvan. Avec des des­sins mêlant réa­lisme et quelques touches de fan­tas­tique, il met en scène cette his­toire aux actions dyna­miques. Il conçoit des per­son­nages avec un bel équi­libre entre réa­lité et syn­thé­ti­sa­tion don­nant des por­traits pré­cieux dans l’expression des émo­tions.
Les décors sont par­ti­cu­liè­re­ment soi­gnés pour rendre l’atmosphère de ce périple d’éclopés per­dus au sein d’une sorte de bulle fer­mée au monde exté­rieur. La mise en cou­leurs est à l’avenant, rehaus­sant les pages, appor­tant ce que le des­sin ne peut rendre en matière d’ambiance.

Pierre-Denis Filippi conjugue avec bon­heur des don­nées fan­tas­tiques et les hor­reurs de la guerre dans un scé­na­rio fort en rebon­dis­se­ments, servi par une belle gale­rie de per­son­nages dont il reste beau­coup à décou­vrir et une mise en images qui retient l’attention.

serge per­raud

Denis-Pierre Filippi (scé­na­rio) & Gas­pard Yvan (des­sin & cou­leurs), La Der­nière ombre – Cha­pitre 1, Vents d’Ouest, coll. “24x32”, avril 2021, 48 p. – 13,90 €.

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