James Rollins installe ses fictions dans un cadre authentique, base son récit sur des faits historiquement vérifiés et des décors réels. Ainsi, il retient le legs de cet Anglais aux USA alors qu’il n’a jamais mis les pieds dans le pays, le choix de se faire enterrer en Italie, une erreur de onze ans sur l’âge de ce scientifique gravé sur sa pierre tombale. L’épopée de Graham Bell, l’inventeur du téléphone, pour récupérer sa dépouille contre l’avis des autorités locales.
L’île de Queimada Grande, comme celles qui composent l’archipel Hawaïen, est tout à fait dans la situation décrite quand débute l’action. Mais, il faut souhaiter que Maui ne ressemble pas à ce qu’il en reste après le passage des héros.
James Smithson, un chimiste et minéralogiste anglais lègue un demi-million de dollars, à sa mort en 1829, aux États-Unis pour construire un lieu dédié à la diffusion de la connaissance dans le monde. Ce sera le Smithsonian Castle. Alexander Graham Bell, en 1903, est à Gènes pour ramener la dépouille de Smithson aux USA. Il cherche d’abord un secret enterré avec le défunt.
En novembre 1944, le bibliothécaire du Congrès et le sous-secrétaire du Smithsonian sont dans un souterrain où une porte bien dissimulée a été découverte. Alors qu’ils progressent dans le cloaque, des explosions retentissent, des coups de feu sont échangés, un assaillant est abattu. C’est une jeune Japonaise qui porte un étrange tatouage au poignet.
De nos jours, sur l’île de Queimada Grande, au Brésil, Ken Matsui vient prélever, sous bonne escorte, deux vipères fer de lance dorées pour les études venomiques qu’il mène. Il sera le seul survivant d’une attaque au napalm menée en hélicoptère.
Grayson Pierce se prélasse sur une plage de l’île de Maui en compagnie de Seichan. Ce commandant de la Sigma Force et l’ex-tueuse de la Guilde ont pris du recul. Voilà neuf mois qu’ils voyagent. Alors qu’ils se reposent après un intense rapprochement, ils voient trois Cessna en approche qui lâchent un épais nuage noir avant de s’écraser sur les reliefs de l’île.
C’est le début d’une série d’aventures périlleuses qui va mettre en grand danger de nombreuses populations…
D’abord roman d’aventures musclées, ce livre aborde nombre de domaines scientifiques autour des venins, de ceux des reptiles, de ceux des insectes et de leurs capacités à évoluer, à muter pour subsister. Il met en scène des attaques de guêpes et donne nombre de précisions sur le règne des insectes.
Et James Rollins emmène son lecteur dans un maelstrom d’actions, de rebondissements, avec un art bien maîtrisé du récit et de la montée en tension. Il fait voyager du Brésil à Gênes, du Japon à l’archipel Hawaïen, de Pologne à Washington, déployant découvertes scientifiques, mystères historiques et courses poursuites à l’issue incertaine. Il faut se laisser emporter par ce flot narratif, ne pas vouloir jouer les cartésiens en pointant quelques facilités dans l’intrigue.
Ce texte est par ailleurs enrichi de croquis et de cartes qui aident grandement la lecture.
On retrouve avec plaisir les membres de la Sigma Force, cette unité clandestine rattachée à une agence de recherche et de développement du ministère américain de la Défense qui, sous la houlette de Painter Crowe et de Kathryn Bryant, son efficace bras droit, met en scène des baroudeurs de talent, rompus pour faire face à tous les dangers, toutes les batailles, efficaces dans tous les combats.
La lecture de ce roman est un vrai plaisir car, outre le fait qu’on ne s’ennuie pas une seconde sur les pas des protagonistes, les bons comme les méchants d’ailleurs, James Rollins propose des matérialités scientifiques et historiques passionnantes, bien que certaines soient terrifiantes.
serge perraud
James Rollins, L’Île interdite (The Demon Crown) traduit de l’anglais (États-Unis) par Leslie Boitelle-Tessier, fleuve noir, coll. “Policier & thriller”, avril 2021, 480 p. – 22,90 €.