Vincent van Gogh, Au seuil de l’éternité (1890).
Le Cahier est issu d’un moment d’écriture qui a pour support un cahier Conquérant de 90 pages à petits carreaux; il est manuscrit jusqu’au moment où je l’écris de nouveau , cette fois-ci sous la forme d’un texte.
J’y prône la possibilité donnée à l’écrivain de, tout en parlant de lui, tenir un discours pour autrui.
J’aime la forme “je”, qui a des principes d’identification auxquels je prête foi.
Fragment XVI ou L’esprit
Où se déroule une fusion. Une combustion. L’image d’un triangle dont la base serait le langage. Imagination encore.
Faisceaux éphémères de la lucidité. Une expérience sensitive. Une chair inconsciente. Un lieu.
Cependant, aucune image capable de résumer les partitions, les coupures de la pensée, ce qu’elle produit de connexions synaptiques. Cela reste sans réalité tangible.
De plus, ce sentiment d’être une créature laisse entendre un créateur, et pareillement l’exercice d’un libre arbitre.
Par conséquent, la reconstruction de la page, cette limite dans laquelle faire entrer une énigme, une activité profuse et diverse, complexe, qui dépasse le cadre fixe de l’expression verbale, cette mimétique échoue toujours.
Peut-être sont-ce là l’être, sa profondeur, sa mise en espace.
Qui dit limite, dit ombre, ou plutôt bord dans lequel s’effectuent les opérations de l’intelligence. Mais sans connaissance du travail corporel de la réflexion.
Esprit contenu dans le mystère du corps. Une sorte de coresprit.
Est-ce pour finir un dialogue ? Une relation duelle ?
Il s’avère que je balance comme tout le monde dans du créé, voire de l’incréé.
Que faire ? Aller simplement. Car la réalité est positive, indépassable, insurmontable et pleine de leçon.
Cependant, c’est toujours l’esprit, le cortex cérébral, les fonctions des lobes du cerveau qui sont positifs — objectifs est une meilleure épithète -, indépassables y compris par la parole (autre lieu compliqué et savant).
Par ailleurs, il existe une réponse, qui consisterait à faire confiance absolue, à aimer l’action de la pensée.
Avec elle rien ne cesse : ni la parole ni la métaphore. Seulement agir devant l’inconnu.
Je n’ai pas de connaissance des processus chimiques à la base de soi. Le sang m’est le plus connu, le plus usité. Je le perçois mieux que le travail des synapses lesquels interfère, jusque dans le sommeil, la matière organique du sommeil qui inonde le cerveau.
Donc, un texte, des signes, des faits objectifs et d’autres relatifs.
Didier Ayres