Didier Ayres, Cahier, “Fragment XIV ou Reconnaître”

LCahier est issu d’un moment d’écriture qui a pour sup­port un cahier Conqué­rant de 90 pages à petits car­reaux; il est manus­crit jusqu’au moment où je l’écris de nou­veau , cette fois-ci sous la forme d’un texte.
J’y prône la pos­si­bi­lité don­née à l’écrivain de, tout en par­lant de lui, tenir un dis­cours pour autrui.
J’aime la forme “je”, qui a des prin­cipes d’identification aux­quels je prête foi.

Nico­las Mon­siau (1754–1837), Dévoue­ment de Mon­sei­gneur de Bel­sunce pen­dant le peste de 1720 à Mar­seille, 1818. Paris, Musée Du Louvre

Frag­ment XIV ou Recon­naître

Affron­ter en somme la divi­nité. Recon­naître en elle mon mur­mure, mon chu­cho­te­ment. Regar­der ce qui en découle ou plu­tôt voir en moi où me mènent les étapes vers la divi­nité.
Lumière. Souffle. Faculté de cette dissociation.

Le régime de l’âme, valeur spi­ri­tuelle de telle pen­sée, de telle phrase, de tel dia­logue. La mort n’arrête rien.
Au contraire est signi­fié un lieu, un espace dans la créa­tion (tout comme le soleil pour­rait être l’endroit où s’exilent les souffles de la vie), res­sem­blant à ce que l’on nomme un trou noir, lequel absorbe et fait disparaître.

En cela je dois recon­naître mon des­tin, devant tant de marques stel­laires, tant de pos­si­bi­li­tés lais­sées comme éven­tuelles, je dois construire ma mai­son. De ce fait, cette des­ti­née mienne me paraît claire et très nette.
Vivre, rêver, vivre encore et se défaire de soi au jour de l’absorption des gaz de l’univers, la pliure des multivers.

Cepen­dant, je ne peux escomp­ter que sur la réa­lité pour m’inscrire dans cette thèse. Il s’agit d’une méta­mor­phose. Là : dieu. Là : le livre futur. Là : la fic­tion.
Donc, en tra­jet, deve­nant, allant vers une trans­for­ma­tion dont l’essence est de retour­ner et de revivre l’avers du médaillon.

Mon choix est infini et en même temps tota­le­ment dépen­dant de la pré­des­ti­na­tion venue de si loin, de cet augure des papillons noirs (ceux qui volent sur un ciel tour­menté).
Il sub­siste la réa­lité. Avec elle, la ten­ta­tive de l’art.

Encore l’esprit dont j’apprends inces­sam­ment le carac­tère bien­fai­sant. Car il ordonne, il choi­sit, il appuie ma vie spi­ri­tuelle.
Donc, cette mys­tique n’est en rien un état de folie. Celle-ci n’est qu’une implo­sion, une défla­gra­tion dont on ne peut rete­nir que l’aspect brû­lant de la destruction.

Didier Ayres

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