Dominique Latil & Romain Sordet, Téléportation INC. – t.01 : “Perdus en translation”

Pour­quoi tou­jours dévoyer ?

Le scé­na­riste met en scène une nou­velle façon de voya­ger, le moyen le plus absolu de pas­ser d’un monde à un autre. Mais, il assorti cette superbe pos­si­bi­lité d’une contrainte. Pas ques­tion de par­tir pour dis­pa­raître. Il faut reve­nir.
Pour faire res­pec­ter cette règle, la Com­pa­gnie doit lan­cer des Agents de Retour sur les traces des fugi­tifs. C’est ainsi que Lubia Tho­rel, agente très effi­cace, va tra­quer un expert-comptable qui sou­haite refaire sa vie comme ban­dit de grand-chemin.

Sur une pla­nète où vivent des êtres à tête de chien, une dili­gence est atta­quée. Les ban­dits en veulent aux objets de valeurs des pas­sa­gers. L’un d’eux s’empare du beau bijou que porte une dame. Une explo­sion assour­dit tout le monde, sauf cette femme qui enlève per­ruque, bou­chons d’oreilles, se pré­ci­pite sur l’un des ban­dits, scanne son visage et l’emmène. Lubia Tho­rel est la meilleure agente de la C.T.G., la Com­pa­gnie de Télé­por­ta­tion Galac­tique, deve­nue la plus impor­tante com­pa­gnie pri­vée grâce à sa décou­verte de cette tech­no­lo­gie.
À peine ren­trée de cette mis­sion, elle est ren­voyée à la recherche de cinq Flot­tants, cinq pas­sa­gers qui ne se sont pas pré­sen­tés au réem­bar­que­ment, cinq pas­sa­gers per­dus. Elle arrive sur Noxien, un monde où sa société n’est pas bien vue. Les dif­fi­cul­tés s’accumulent car elle se retrouve avec, aux trousses, un autre agent chargé de déter­mi­ner si ses méthodes peu ortho­doxes pour­raient ser­vir à éta­blir un nou­veau pro­to­cole… Mais, le plus grave n’est pas qu’il soit gaffeur…

Ce scé­na­rio fait la part belle à l’action, une suite d’opérations toniques met­tant en scène une agente expé­ri­men­tée, capable de se sor­tir seule de situa­tions dif­fi­ciles, mais qui traîne une sorte d’entrave, la source de quelques désa­gré­ments.
L’humour est très pré­sent tant dans des dia­logues pétillants, dans des situa­tions cocasses  que dans des regards por­tés sur des faits de société.

Outre l’action qu’il ne se prive pas de mettre en avant, Domi­nique Latil dis­tille des remarques, des réflexions, des atti­tudes rela­tives au fonc­tion­ne­ment des entre­prises, de ces mul­ti­na­tio­nales (On n’a pas encore de mul­ti­pla­né­taires !) qui s’affranchissent des plus élé­men­taires règles humaines pour une course éper­due vers plus de pro­fits, vers plus de pou­voirs, vers plus d’influence. Mais outre l’aspect éco­no­mique, le scé­na­riste s’intéresse aussi à l’organisation interne.
Il se moque ouver­te­ment de cer­tains pro­to­coles impo­sés dans les entre­prises, de ces démarches « qua­lité », qui ne sont que des bou­lets admi­nis­tra­tifs plom­bant la production.

Le des­sin de Romain Sor­det, tonique, dyna­mique, met en valeur nombre de per­son­nages, d’entités non humaines. Il réa­lise de belles trognes, rend attrac­tif le récit par des détails piquants et un magni­fique tra­vail sur les décors. La mise en cou­leurs, œuvre d’Aurélie F. Kaori, donne une toni­cité sup­plé­men­taire, si besoin était, au gra­phisme.
Avec ce pre­mier tome, le décor et le cadre sont bien plan­tés, les révé­la­tions sont déjà suf­fi­sam­ment attrac­tives pour faire attendre, avec atten­tion, le mois d’août où le second volet doit paraître.

serge per­raud

Domi­nique Latil (scé­na­rio), Romain Sor­det (des­sins) & Auré­lie F. Kaori (cou­leurs), Télé­por­ta­tion INC. – t.01 : Per­dus en trans­la­tion, Bam­boo, label “Dra­koo”, avril 2021, 48 p. – 14,50 €.

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