Ken Broeders, Une Histoire de voleurs et de trolls – t.01 : “Le monde dérivant”

Un duo improbable !

Cette tri­lo­gie de pure fan­tasy débute avec vigueur. Le scé­na­riste, par ailleurs des­si­na­teur et colo­riste, fait entrer le lec­teur immé­dia­te­ment dans l’histoire. Le cadre est vite défini et les rap­ports entre les peuples de cette pla­nète sont rapi­de­ment posés.
Appa­rem­ment, l’histoire va être por­tée sur les jolies épaules d’une humaine et sur celles, bien moins belles, d’un Elfe.

Le monde déri­vant est cette terre cachée où les créa­tures fabu­leuses, chas­sées par la pro­li­fé­ra­tion des humains, ont trouvé refuge. Mère Knos­ser, à la tête d’une armée de Trolls, exige de ces popu­la­tions des tri­buts de plus en plus lourds.
Durys, une Elfe, tente de fédé­rer une résis­tance. Le chef des Domo­vois est réti­cent. Il attend un signe du magi­cien Ner­vil. Or, celui-ci n’est plus qu’une momie au cœur d’un temple. Alors qu’ils s’éloignent, un petit Elfe s’introduit par un conduit d’aération pour s’emparer du gros bijou qui orne le torse du magi­cien, pour le compte de Mère Knos­ser. Mais, Del­ric Twot­ter a peur des momies. Au moment où il vainc sa répul­sion, il voit une porte lumi­neuse se maté­ria­li­ser et une jeune humaine en sor­tir, mani­pu­lée par une sor­cière. Del­ric s’offusque, récla­mant la prio­rité. Alors que sa maî­tresse lui ordonne de poi­gnar­der le petit Elfe, Ysa­beau refuse, se remé­mo­rant une scène iden­tique. Ce blo­cage la délivre de l’emprise et elle se retrouve à cou­rir avec Del­ric, alors que le temple explose. Ysa­beau et Del­ric s’accrochent à un bout de rocher qui dérive et qui se délite…

Pour­quoi Ysa­beau, cette jeune femme est-elle sur cette terre en prin­cipe igno­rée des humains ? Pour­quoi était-elle sous l’emprise de cette sor­cière ? Elle se retrouve mêlée à une guerre entre des peuples dont elle semble tout igno­rer. Quant à Del­ric, il n’a pas spé­cia­le­ment l’étoffe d’un héros. C’est un voleur qui n’a, semble-t-il, pas que des amis, qui excelle dans la filou­te­rie. Il est cras­seux, van­tard mais débrouillard tout en sus­ci­tant une cer­taine sym­pa­thie.
Le scé­na­riste pro­pose des dia­logues hauts en cou­leurs, une fan­tasy pleine de fantaisie.

Le des­sin inter­pelle tant il rayonne et éclaire les pages avec des per­son­nages bien éta­blis, d’autant que ces créa­tures fabu­leuses ont des trognes peu com­munes. Il faut saluer la conti­nuité dans la repré­sen­ta­tion de ces enti­tés. La mise en scène est dyna­mique, Ken Broe­ders n’hésite pas à user de toutes les pos­si­bi­li­tés qu’offrent la pers­pec­tive et toutes les poten­tia­li­tés des pro­fon­deurs et des hau­teurs. Il rehausse le tout avec une domi­nante de cou­leurs chaudes qui illu­minent les décors, les ambiances.
Un pre­mier album par­ti­cu­liè­re­ment sédui­sant pour son récit et pour son gra­phisme qui enchante l’œil.

serge per­raud

Ken Broe­ders (scé­na­rio, des­sin et cou­leurs) adap­ta­tion fran­çaise de Chris­tophe Arles­ton, Une His­toire de voleurs et de trolls – t.01 : Le monde déri­vant, Bam­boo, label “Dra­koo”, mars 2021, 56 p. – 14,90 €.

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