La série a débuté en mai 1987 par un album publié au Lombard. L’Europe confédérée a réussi à contrôler le climat. Une erreur d’Orion, l’IA qui pilote l’énorme système, dérègle l’équilibre climatique. La neige tombe, les températures chutent, la circulation devient très difficile.
L’Europe se coupe du reste du monde avec un mur électromagnétique et la civilisation régresse fortement sur ce monde glacé.
Northman, un vieil homme, le numéro Un d’une société secrète, Les Douze, sauve un jeune garçon dont les parents ont été abattus et le baptise Neige.
Dans le quartier d’Auderghem, à Bruxelles, un petit groupe familial est assiégé par ceux qui veulent leur carburant et provisions. Ils vont être submergés par l’assaut quand un tireur élimine quelques assaillants, les autres prenant la fuite. L’attaque a été meurtrière et il ne reste du clan que Grand-Père Jo, Sève sa bru et Line la fille de celle-ci, ainsi qu’un chien borgne qui se prend immédiatement d’amitié pour le nouveau venu qui se présente comme Le Rebouteux.
Il leur propose fuir cette zone infestée de Hors-clans et étonne par sa détermination et la façon de gérer leur trajet. Il possède une carte et connaît les réserves bien camouflées de carburants pour leur motos-neige. Lorsqu’il dort, des cauchemars l’assaillent qui le renvoient à son enfance, à des événements tragiques dont il a été le témoin.
Arrivés à destination, un monastère, Neige est le nom que donne le moine qui les accueille, un nom qui provoque un malaise à Grand-père Jo car il confirme ce que pressentait ce dernier. Dans la nuit, une ombre se glisse jusqu’à Jo pour une injection fatale.
Mais Neige a ramené de son voyage des éléments, cachés par son père, pour éradiquer le fléau, ce mal d’Orion. Encore faut-il trouver où se dissimule l’arme salvatrice…
Neige, le héros, reprend du service, un héros bien vieilli, qui se lance sur un gigantesque jeu de piste, un exercice particulièrement apprécié par son père adoptif. Il était à la recherche d’informations et va devoir faire preuve de sagacité pour découvrir ce que Northman avait conçu pour régler le dysfonctionnement climatique et éradiquer la pandémie.
L’intrigue renoue avec le passé et les interactions actuelles. La galerie des personnages s’enrichit de quelques individus intéressants.
Le scénariste propose des dialogues savoureux, usant d’un vocabulaire populaire avec ces raccourcis, ces contractions que l’on utilise couramment et une sorte de patois lorsqu’il fait part, en off, des réflexions de Line, cette jeune fille un peu simplette. Il donne quelques touches d’humour quand, par exemple, Neige vient de se faire comparer à un Messie : “Tu parles d’un Messie ! Un bonhomme cabossé de toute part flanqué d’un chien borgne.”
Cette série posait quelques problématiques bien réels aujourd’hui comme l’écologie, une pandémie appelée Le mal d’Orion. Et le présent album s’inscrit dans une actualité brûlante, piquante, en faisant référence à nombre de situations actuelles comme les doses de sérum qui viennent à manquer.
Christian Gine, de son trait fin, subtil, élégant, assure une mise en scène et en images fort réussies, relayées par les couleurs douces d’Antoine Quaresma. Les flashbacks sont facilement identifiables par leur teinte bien spécifique. Si les personnages ont des attitudes parfaitement étudiées, leur gestuelle est fluide. Les décors, les paysages de neige sont habilement restitués.
Cet album peut se lire sans avoir dévorer les treize tomes précédents car Didier Convard rappelle les fondamentaux de l’intrigue de façon fort adroite sans alourdir le récit.
Un nouveau tome fort agréable à découvrir, tant pour le scénario que pour la mise en images, et pour renouer avec une série qui avait marqué à son époque.
découvrir un extrait
serge perraud
Didier Convard (scénario), Christian Gine (dessin) & Antoine Quaresma (couleurs), Neige – t.14 : Le Printemps d’Orion, Glénat, coll. “24x32”, janvier 2021, 56 p. – 14,50 €.