Didier Convard & Christian Gine, Neige – t.14 : “Le Printemps d’Orion”

Un retour inattendu…

La série a débuté en mai 1987 par un album publié au Lom­bard. L’Europe confé­dé­rée a réussi à contrô­ler le cli­mat. Une erreur d’Orion, l’IA qui pilote l’énorme sys­tème, dérègle l’équilibre cli­ma­tique. La neige tombe, les tem­pé­ra­tures chutent, la cir­cu­la­tion devient très dif­fi­cile.
L’Europe se coupe du reste du monde avec un mur élec­tro­ma­gné­tique et la civi­li­sa­tion régresse for­te­ment sur ce monde glacé.
North­man, un vieil homme, le numéro Un d’une société secrète, Les Douze, sauve un jeune gar­çon dont les parents ont été abat­tus et le bap­tise Neige.

Dans le quar­tier d’Auderghem, à Bruxelles, un petit groupe fami­lial est assiégé par ceux qui veulent leur car­bu­rant et pro­vi­sions. Ils vont être sub­mer­gés par l’assaut quand un tireur éli­mine quelques assaillants, les autres pre­nant la fuite. L’attaque a été meur­trière et il ne reste du clan que Grand-Père Jo, Sève sa bru et Line la fille de celle-ci, ainsi qu’un chien borgne qui se prend immé­dia­te­ment d’amitié pour le nou­veau venu qui se pré­sente comme Le Rebou­teux.
Il leur pro­pose fuir cette zone infes­tée de Hors-clans et étonne par sa déter­mi­na­tion et la façon de gérer leur tra­jet. Il pos­sède une carte et connaît les réserves bien camou­flées de car­bu­rants pour leur motos-neige. Lorsqu’il dort, des cau­che­mars l’assaillent qui le ren­voient à son enfance, à des évé­ne­ments tra­giques dont il a été le témoin.

Arri­vés à des­ti­na­tion, un monas­tère, Neige est le nom que donne le moine qui les accueille, un nom qui pro­voque un malaise à Grand-père Jo car il confirme ce que pres­sen­tait ce der­nier. Dans la nuit, une ombre se glisse jusqu’à Jo pour une injec­tion fatale.
Mais Neige a ramené de son voyage des élé­ments, cachés par son père, pour éra­di­quer le fléau, ce mal d’Orion. Encore faut-il trou­ver où se dis­si­mule l’arme salvatrice…

Neige, le héros, reprend du ser­vice, un héros bien vieilli, qui se lance sur un gigan­tesque jeu de piste, un exer­cice par­ti­cu­liè­re­ment appré­cié par son père adop­tif. Il était à la recherche d’informations et va devoir faire preuve de saga­cité pour décou­vrir ce que North­man avait conçu pour régler le dys­fonc­tion­ne­ment cli­ma­tique et éra­di­quer la pan­dé­mie.
L’intrigue renoue avec le passé et les inter­ac­tions actuelles. La gale­rie des per­son­nages s’enrichit de quelques indi­vi­dus intéressants.

Le scé­na­riste pro­pose des dia­logues savou­reux, usant d’un voca­bu­laire popu­laire avec ces rac­cour­cis, ces contrac­tions que l’on uti­lise cou­ram­ment et une sorte de patois lorsqu’il fait part, en off, des réflexions de Line, cette jeune fille un peu sim­plette. Il donne quelques touches d’humour quand, par exemple, Neige vient de se faire com­pa­rer à un Mes­sie : “Tu parles d’un Mes­sie ! Un bon­homme cabossé de toute part flan­qué d’un chien borgne.

Cette série posait quelques pro­blé­ma­tiques bien réels aujourd’hui comme l’écologie, une pan­dé­mie appe­lée Le mal d’Orion. Et le pré­sent album s’inscrit dans une actua­lité brû­lante, piquante, en fai­sant réfé­rence à nombre de situa­tions actuelles comme les doses de sérum qui viennent à man­quer.
Chris­tian Gine, de son trait fin, sub­til, élé­gant, assure une mise en scène et en images fort réus­sies, relayées par les cou­leurs douces d’Antoine Qua­resma. Les fla­sh­backs sont faci­le­ment iden­ti­fiables par leur teinte bien spé­ci­fique. Si les per­son­nages ont des atti­tudes par­fai­te­ment étu­diées, leur ges­tuelle est fluide. Les décors, les pay­sages de neige sont habi­le­ment restitués.

Cet album peut se lire sans avoir dévo­rer les treize tomes pré­cé­dents car Didier Convard rap­pelle les fon­da­men­taux de l’intrigue de façon fort adroite sans alour­dir le récit.
Un nou­veau tome fort agréable à décou­vrir, tant pour le scé­na­rio que pour la mise en images, et pour renouer avec une série qui avait mar­qué à son époque.

décou­vrir un extrait

serge per­raud

Didier Convard (scé­na­rio), Chris­tian Gine (des­sin) & Antoine Qua­resma (cou­leurs), Neige – t.14 : Le Prin­temps d’Orion, Glé­nat, coll. “24x32”, jan­vier 2021, 56 p. – 14,50 €.

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