Cochon dévalant des pentes du Kansas
A sa manière, Alain Helissen est un nihiliste mais qui a beaucoup à montrer et l’écrit. Parfois de manière abrégée, comme dans La Grande Muraille de Rimes, parfois dans cette Hygiène mentale en un dangereux déluge mais où, à l’inverse de Socrate, l’auteur ne radote jamais.
Preuve sans doute qu’il sort ici des vieux encadrements paternels qui furent sans doute de bon aloi mais qui, apparemment, n’ont plus lieu d’être. Il y a là des attentats successifs au bien penser où jusqu’à l’enfance passe de l’état sublime à l’état gazeux.
D’où une suite de strip-tease de l’âme et de ce qui peut l’entourer en une série de fragments habilement numérotés pour qu’un tel babil d’âge avance par-delà des soubresauts de nature organique ou métaphysique. Helissen sait en effet que la vérité manque d’équilibre et qu’il ne faut pas compter sur l’écriture pour lui en donner.
Tout écrivain a mieux à faire et celui qui se veut hygiéniste hors pair et père en premier. Peu à peu enclin au désordre organisé, ce qui fut le premier livre de l’auteur reste un modèle. L’auteur y fait la toilette du mort pour commencer dans l’écriture.
Ce qui reste peut-être la meilleurs manière d’entrer en matière.
Tout Helissen est déjà là de manière aussi compacte que fragmentée. L’humain trop humain y fait plus que ses classes dans une boulimie narrative.
S’auto-comparant à un “cochon dévalant des pentes du Kansas”, il existe tout autant du Gary Cooper dans cet émetteur et émissaire de pensées existentielles qui n’existent pas au ciel même lorsque le sol se dérobe sous ses pieds.
jean-paul gavard-perret
Alain Hélissen, Hygiène, Voix Editions, Nice, 2021, 94 p. — 12,00 €.
Merci, Jean-Paul, pour cette note critique qui me touche . Cette réédition que je n’attendais pas, je la dois à l’ami Richard, amoureux de mon “Hygiène” comme au premier jour. Avec toute mon amitié. Alain.