Gianni Motti et les revendications
Né en 1958 à Sondrio en Italie, Gianni Motti est un artiste contemporain iconoclaste. Dessins, installations, performances, actions, vidéos, photographies lui servent très souvent de ce qu’il nomme ses “revendications” qui marient une forme d’appropriation à un terrorisme ludique et l’humour acerbe.
Il fut un temps (1986) où il revendiqua l’explosion de la navette spatiale Challenger. Une position qui passa même par les agences de presse, auxquelles il envoya la photographie de son visage couvert d’une cagoule noire, tenant la une de La Repubblica titrant sur l’accident mortel. La photographie s’accompagnait d’une lettre de revendication, en majuscule, avec une étoile noire cerclée en guise de logo.
Mais il ne s’est pas arrêté en si bon chemin. En 1992, il revendique un tremblement de terre californien ainsi que des tremblements de terre alpins. Se définissant comme autodidacte, son oeuvre reste en prise sur le réel non seulement tectonique et technologique mais économique, politique et même sportif.
Son actionnisme indirect provoque comme conséquence directe ses œuvres d’art. En 1996, il se présente comme candidat aux élections présidentielles américaines. Un an plus tard, il s’invite à la 53e session de la Commission Internationale des Droits de l’Homme à Genève où il parvient à occuper le siège vacant du délégué indonésien et prend la parole en faveur des minorités culturelles.
Mais ce ne sont là que quelques exemples de ses bienfaisantes mauvaises actions. Elles prouvent que l’art garde toujours quelque chose d’intéressant à dire et montrer en le transformant en un “living theatre” espiègle et engagé.
jean-paul gavard-perret
Gianni Motti, Monographie, Presses du Réel et Migros Museum, Zurich, 2021, 264 p.