Didier Ayres, Cahier , “Fragment IV ou Contenir”

LCahier est issu d’un moment d’écriture qui a pour sup­port un cahier Conqué­rant de 90 pages à petits car­reaux; il est manus­crit jusqu’au moment où je l’écris de nou­veau , cette fois-ci sous la forme d’un texte.
J’y prône la pos­si­bi­lité don­née à l’écrivain de, tout en par­lant de lui, tenir un dis­cours pour autrui.
J’aime la forme “je”, qui a des prin­cipes d’identification aux­quels je prête foi.

Cahier, “Frag­ment IV ou Conte­nir “ 

Rendre dif­fus, plu­ri­voque ce que contient l’épithète. Or, pas de signe sans trem­ble­ment. Trem­ble­ment dans le signe, chose qui vacille, qui se feuillette.
Des conte­nus qui des­sinent, qui font paraître. Ainsi, signi­fi­ca­tion qui se glisse au seuil de l’écriture.

Nonobs­tant la source objec­tive capable d’unifier la lec­ture — seule pers­pec­tive pour l’adresse et la com­mu­ni­ca­tion d’un état d’âme -, pro­po­ser l’ombre, la nuit suf­fi­sam­ment pour avan­cer dans l’incertain du dis­cours poé­tique.
Limite, bord de la phrase, limites. Ici, dans cette sub­stance étrange du lan­gage, le tra­vail de l’auteur.

Angoisse, stu­peur.
Sidé­ra­tion en un sens, par exemple, quand la phrase dépasse ce qui lui appar­tient pour tou­cher à quelque idée nou­velle : là un petit vertige.

Lumière inon­dant, dif­fu­sant, englo­bant cette demeure, le phare sou­dain qui biffe par son fais­ceau le noir océan de la pro­priété du monde. Une image enclot, par­achève, fait nuit, fait pierre, fait vie valant pour elle-même.
Clo­se­rie de l’âme. Cœur fermé à son propre abandon.

Et brus­que­ment, le soleil de la rai­son revient sous la forme d’une idée uni­fiée, brû­lante et sans doutes, se répand dans une nuée deve­nue cris­tal, contour, se soli­di­fiant aus­si­tôt.
Cet éclat dis­sipe l’anxiété, décom­pose la sara­bande visuelle de la mort, sa nomi­na­tion inexplicable.

Ce dis­cours vient-il maî­tri­ser le des­tin ? En tout cas, cela plonge dans l’incommunicable de la pro­vi­dence, pro­vi­dence que nul ne connaît car elle vient en sur­croît, comme un point de vue, un jour­nal qui ne se jus­ti­fie que par sa rétros­pec­tion.
Et que se désagrège-t-il dans l’onde chan­geante des événements ?

La vie elle-même.

didier ayres

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