Entre tapages et rétentions, l’écorce d’une voix — entretien avec Lionel Fondeville (La Péremption)

Lionel Fon­de­ville cultive une belle assu­rance et une imper­ti­nence. Elles donnent à son flux ver­bal la pos­si­bi­lité d’inventer un monde bar­bare et ce, dès que l’auteur est accroupi en ses pages où il entend s’écouler des fluides d’absence comme de pré­sence très loin des pen­sées qui scellent. Il emboîte des exis­tences gigognes en trou­ba­dour de royaumes d’âges tro­glo­dytes dans l’objectif de faire tré­pi­gner la langue loin des sosies qui la cru­ci­fient.
La déri­sion néces­saire leste son écri­ture pour que s’effondrent les miroirs égo­tiques en des che­mins tor­tueux qui, au nom d’une mémoire du futur, inclinent à savou­rer une cer­taine solitude.

Entre­tien : 

Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
La veille.

Que sont deve­nus vos rêves d’enfant ?
Ils ne sont rien deve­nus, ils sont res­tés exac­te­ment les mêmes.

A quoi avez-vous renoncé ?
J’ai reçu à peu près tout ce que je dési­rais, et pour le reste, j’ai oublié.

D’où venez-vous ?
Du sud.

Qu’avez-vous reçu en “dot” ?
Je n’aime pas cette question.

Un petit plai­sir — quo­ti­dien ou non ?
Les petits plai­sirs : beurk.

Qu’est-ce qui vous dis­tingue des autres écri­vains ?
Pour­quoi prendre un air distingué ?

Quelle est la pre­mière image qui vous inter­pella ?
Un visage, sans doute, comme la plu­part des gens.

Et votre pre­mière lec­ture ?
Le matin, au réveil, mon frère et moi bon­dis­sions dans le lit de notre grand-père, pen­dant les vacances. Il nous racon­tait ses années en Alle­magne, déporté par le S.T.O. C’était lui le livre.

Quelles musiques écoutez-vous ?
India Song de Jeanne Moreau, Car­los d’Alessio et Mar­gue­rite Duras.

Quel est le livre que vous aimez relire ?
Le dictionnaire.

Quel film vous fait pleu­rer ?
Les docu­men­taires tour­nés dans des salles d’accouchement.

Quand vous vous regar­dez dans un miroir qui voyez-vous ?
Moi, mais pas tout à fait.

A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
Aux poètes qui m’ont transformé.

Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
Andernos-les-Bains.

Quels sont les artistes et écri­vains dont vous vous sen­tez le plus proche ?
J’ai un grand ami qui s’appelle Chris­tophe Esnault, et il se trouve qu’il est écrivain.

Qu’aimeriez-vous rece­voir pour votre anni­ver­saire ?
Je pré­fère les sur­prises qui tombent bien.

Que défendez-vous ?
Rien, à personne.

Que vous ins­pire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est don­ner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas”?
Super slo­gan pour la marque LACAN.

Que pensez-vous de celle de Via­latte “L’homme n’est que pous­sière, c’est dire l’importance du plu­meau” ?
Pas super fan des cita­tions, à vrai dire.

Quelle ques­tion ai-je oublié de vous poser ?
Celle-là n’est pas trop mal.

Pré­sen­ta­tion et entre­tien réa­li­sés par jean-paul gavard-perret pour lelitteraire.com, le 4 avril 2021.

Leave a Comment

Filed under Entretiens, Poésie, Romans

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>