Marquer l’idéologie sur les corps individuels
Gal Leshem, née en Israël en 1988, s’intéresse particulièrement au rouge et Rubia Tinctorum suit son propre trajet de migrante installée à Londres depuis une dizaine d’années et prouve son engagement social marqué de son travail.
La plasticienne s’intéresse à l’histoire et la politique des couleurs dans le Moyen-Orient.
A l’aide de la video, du textile et des imprimés la plasticienne explore aussi le rôle du folklore et des matériaux culturels dans la création, la perpétuation et l’orientation des identités. Après avoir étudié la philosophie, Gal Leshem a travaillé en Israel en kibboutz au sein d’un collectif d’artistes pour générer un mode de création qui s’éloigne de l’aspect de l’artiste enfermé dans sa tour d’ivoire.
Son travail, à travers l’utilisation du textile, est un clin d’œil à l’abstraction géométrique du début du XXe siècle auprès des immigrants d’Europe de l’Est intéressés par les expérimentations du Constructivisme.
Cette universalité de la géométrie en tant qu’outil politique reste néanmoins pour une telle artiste complexe. D’une part, il s’agit d’un langage inclusif accessible à tous, mais d’autre part, il peut être considéré comme ignorant toute différence dans la lutte pour l’égalité. “Quand je pense à l’identité et à la collectivité, je m’interroge sur les individus dans ces structures révolutionnaires” écrit la plasticienne.
Elle rappelle les façons dont l’idéologie est incarnée et marquée sur les corps individuels. C’est là que l’utilisation du tissu entre en jeu en apportant à toutes ces questions des références dans le domaine du corps.
Le tissu enveloppe toujours le corps, c’est le vêtement, la tente, la couverture.
L’utilisation de textiles permet donc à de telles œuvres de fonctionner comme un moule symbolique tout en offrant un espace au corps pour réagir ou déformer la rigueur de la géométrie.
jean-paul gavard-perret
Gal Leshem, Looking for Rubia Tinctorum, Huxley Parlour, Londres, mars-avril 2021.