Un nouveau modèle de Superhéros…
Avec ce scénario, Matt Fraction propose une belle suite d’aventures où des superhéros bouleversent le quotidien d’une mère célibataire et de son adolescent. Il en résulte un récit à tiroirs où une réalité croise une fiction pour une théorie d’actions ébouriffantes, dans la meilleure veine des comics et des magazines pulp.
Le scénario entremêle des anecdotes familiales à des apparitions fantastiques, des scènes quotidiennes à des actions musclées où la puissance de certains personnages fait merveille.
Un agent se précipite dans le bureau du commissaire pour qu’il actionne, sur ordre du maire, les jets de la police. Dehors, c’est l’apocalypse. Des dirigeables bombardent la ville à coups de rayons. Or, des avions, la police n’en n’a pas ! Le commissaire accomplit alors ce qu’il avait espéré ne jamais faire. Avec une clé spéciale, il appelle… Adventureman et son équipe. Ceux-ci se lancent sans attendre contre les assaillants, contre la bande du Baron Bizarre. Il s’ensuit une belle série de combats avant que…
Tommy est furieux car les péripéties ci-dessus se déroulaient dans le livre qu’il vient de finir. Et la conclusion lui déplaît souverainement… Claire, sa mère, le console mais lui indique que la suite des aventures de son superhéros préféré n’existe pas. Claire tient la boutique de livres d’occasion créée par sa mère. Une mystérieuse jeune femme arrive et lui confie une édition unique, la suite des exploits d’Adventureman.
C’est alors que pour Claire et ses proches, la réalité se décale et la fiction se mêle alors aux vies de Tommy et de sa mère…
L’album se complète par un cahier présentant la démarche de Matt Fraction pour élaborer son scénario avec, en regard, des dessins de Terry Dodson, ses esquisses, ses premières recherches ses crayonnés aboutis. Il donne les objectifs qu’il souhaite atteindre avec cette histoire, sachant qu’il se sait peu familier de ce genre de récit. Cependant, il possède quelques notions et des références qu’il veut mettre en œuvre.
Ainsi, parce qu’il considère The Spider de Norvill Page comme ce qui lui plaît le mieux, il va s’en inspirer et suivre les archétypes posés par des fondateurs de cette culture. Beaucoup de ces héros sont entourés par une équipe. Il décide qu’Adventureman en aura une et il décline ainsi un groupe aux compétences complémentaires. Par contre, il souhaite corriger des injustices, des présentations qui ont été véhiculées à une époque et dont il veut s’abstraire comme le racisme, le sexisme, le colonialisme ou l’impérialisme. Et c’est assez réussi dans ce domaine.
Le dessin de Terry Dodson est juste fantastique. Ce créateur a déjà été publié en France, Red Skin chez Glénat sur un scénario de Xavier Dorison ou le diptyque Songes aux Humanoïdes associés avec Denis-Pierre Filippi. S’il possède un talent certain pour proposer des décors de belle facture, séduisants et détaillés, il brille dans la représentation des personnages, de leurs gestuelles et de leurs expressions. La gente féminine bénéficie d’un traitement spécial tant il sait mettre en valeur les dames qu’il dessine, leur visage, leur regard et leur silhouette.
De plus, il n’ignore rien des règles de la perspective et joue avec les vues en plongée, en contre-plongée et autres visions peu commune d’une scène, d’une série d’actions.
Un premier tome assez fabuleux tant pour une histoire peu commune, attrayante, que pour un graphisme qui séduit l’œil le plus blasé.
serge perraud
Matt Fraction (scénario) & Terry Dodson (dessin et couleur), Adventureman – t.01 : La fin et tout ce qui s’ensuit, Glénat, coll. “Hors collection”, janvier 2021, 168 p. – 19,95 €.