La mémoire des ancêtres
Afin de dégager ses photographies des rites vaudous de tout aspect purement documentaire, le photographe italien encadre ou surhausse la réalité de bordures adéquates et en quelque sorte votives pour préserver l’âme de chaque sujet dépositaire de la mémoire.
Se retrouvent des présences humaines chargées de têtes d’animaux, de coquillages, de cornes, de masques colorés ou des costumes élaborés avec du foin.
L’ensemble reste toujours riche de significations cachées. La mémoire prend des aspects différents en fonction des lieux différents.
Le vaudou tel que Bruno Cattani le saisit ramène à des rituels ancestraux qui intriguent et effraient à la fois.
Cette recherche d’une Afrique authentique est donc reliée aux origines primordiales de la plus ancienne religion du monde à travers deux pays : le Togo et le Bénin, “deux pays peu connus du paysage et du tourisme naturaliste mais riches en groupes tribaux qui préservent encore l’héritage de leurs ancêtres” précise le photographe.
Cette religion repose sur la vénération de la nature et des ancêtres et ce, là où le monde des morts se superpose à celui des vivants. Il devient possible de les rejoindre à l’aide d’esprits, de masques, de fétiches, de rites.
L’homme peut y contacter le Dieu Mahou et ses autres divinités : la terre, l’eau, la justice, la guérison, etc. Le vaudou est issu des esprits créés par Dieu avec la tâche de prendre soin des humains.
Chacun intervient dans un domaine particulier de l’expérience humaine par l’intercession de “prêtres” avec leurs danses. Et les vêtements représentent symboles et codes religieux.
Les officiants possèdent le don de la transe qui permet à des esprits de se révéler à travers des silhouettes colorées. Si bien que le lien avec la mémoire des ancêtres dirige un tel parcours artistique là où les portraits photographiques sont rehaussés des tissus locaux.
Ils renforcent une histoire de la genèse du monde.
jean-paul gavard-perret
Bruno Cattani, Vaudou, L’Oeil de la Photographie, mars 2021.