Mireille Calmel, La Louve cathare

Un grand roman d’aventures au Moyen Age

La reli­gion cathare, avec les exac­tions ter­ribles qui ont amené son extinc­tion, a donné lieu à de nom­breux récits met­tant en scène les prin­ci­paux acteurs du drame. Mais peu ont lié l’éradication de cette héré­sie à des actions éco­no­miques, ni mis en valeur trois femmes déter­mi­nées, cha­cune dans leur domaine.
Mireille Cal­mel donne vie à trois magni­fiques héroïnes, entre Grif­fo­nelle, une voleuse éprise du roi de France, Na Loba une guer­rière au ser­vice d’une foi, Blanche de Cas­tille, une reine ten­tant de sau­ve­gar­der un royaume pour son fils. Cette foi, qui met­tait tous les croyants sur un pied d’égalité et qui prô­nait une vie simple ne pou­vait que cho­quer les pré­lats de l’Église catho­lique qui menaient un train de vie fas­tueux. Il suf­fit, pour s’en convaincre, de voir dans les musées, les lieux de culte, les por­traits de ces reli­gieux tous obèses.

En novembre 1226, Grif­fo­nelle, une voleuse de seize ans, est témoin du meurtre sau­vage de sa mère en pleine rue de l’île de la Cité. Puis, elle verra mou­rir Tri­bou­let, un nain qu’elle aime comme son père. Elle est pour­sui­vie par Amaury de Mont­fort pour une carte, dont elle ignore tout, qui mène à une mine d’or cachée en Occi­ta­nie, au cœur de la Mon­tagne Noire. Elle est sau­vée par Louis, le futur Louis IX, qui la confie aux reli­gieuses de l’abbaye de Montmartre.

Le second volume débute quand Grif­fo­nelle reçoit la visite de Blanche de Cas­tille. Celle-ci, vou­lant l’éloigner de son fils, lui donne le choix entre épou­ser un des modestes barons ou res­ter dans l’abbaye sous le regard de Dieu. Elle choi­sit de res­ter, se sen­tant à l’abri d’un assas­si­nat et pen­sant pou­voir faci­le­ment s’échapper. Or, elle est sous haute sur­veillance et les années passent.
Le 12 avril 1229, une foule immense se presse devant Notre-Dame de Paris pour assis­ter à la sou­mis­sion du comte de Tou­louse et à son sup­plice, le fouet infligé par le car­di­nal de Saint-Ange. Stoïque, il force le res­pect de la foule.
Quand Grif­fo­nelle, dans le lopin de jar­din dont elle a la charge, trouve un cof­fret conte­nant des osse­ments de Saint-Denis, elle écha­faude un plan pour faire venir Louis. Elle manœuvre pour dépo­ser la sainte relique dans la crypte, seule avec le roi. Là, ils deviennent amants et elle peut fuir, lais­sant Louis dans une pos­ture peu royale. Elle prend la route de la Mon­tagne Noire. Mais la route est rude et tout est danger…

Ce récit s’appuie sur des bases his­to­riques solides, redonne vie aux pro­ta­go­nistes authen­tiques de l’époque. On suit le par­cours de Ray­mond De Tou­louse qui mène sa quête entre la pro­tec­tion des Bons Hommes et la sau­ve­garde de son fief. Celui de Louis, amou­reux de Grif­fo­nelle, de sa mère, cette reine deve­nue régente, régen­tant éga­le­ment la vie de son fils même après que celui-ci a été sacré.
Mais outre ces per­son­nages célèbres, elle raconte les com­bats de pro­ta­go­nistes moins connus mais qui ont joué un rôle impor­tant dans cette tra­gé­die. C’est le cas de Na Loba, la Louve cathare, qui a été chanté par deux trou­ba­dours. Épouse de Jour­dain de Caba­ret, maî­tresse du comte de Foix, elle a donné nais­sance à une légende pour ses amants, ses faits d’armes et ses… tra­hi­sons. L’auteure met aussi en scène le domaine de Caba­ret, son sei­gneur, Pierre-Roger, son frère Jour­dain, Jean de Nesle, Oli­vier De Termes… Elle offre un autre regard sur des per­son­nages his­to­riques, dif­fé­rents de leur per­son­na­lité entrée dans la légende. Ainsi, Louis IX est, comme dit sa mère, un homme comme les autres : “Sa rai­son dis­pa­rais­sait quand son vit gon­flait.”, avant d’accéder à une sain­teté catholique.

La roman­cière s’attache à recons­ti­tuer au plus près l’état des lieux tels qu’ils étaient, don­nant une belle des­crip­tion de l’île de la Cité, des pays cathares comme Caba­ret, de la Mon­tagne Noire…
Avec une intrigue en ten­sion où s’entremêlent aven­ture, guerre, croi­sade, com­bats, com­plots, tra­hi­sons, liens de parenté révé­lés, amour, haines féroces dic­tant les actes, sen­ti­ments exa­cer­bés com­man­dant les atti­tudes, Mireille Cal­mel, livre une belle his­toire dans l’Histoire que l’on découvre avec inté­rêt, impa­tient d’en connaître la suite.

lire un extrait

serge per­raud

Mireille Cal­mel, La Louve cathare (en deux volumes), XO Édi­tions, le pre­mier tome est paru en octobre 2020, le second en février 2021, avec res­pec­ti­ve­ment de 400 et 368 p. et 19,90 € le volume.

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Filed under Pôle noir / Thriller, Romans

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