La douleur est telle que, dans ce livre, l’anonymisation est encore nécessaire.
Reste l’histoire — une histoire presque comme beaucoup d’autres — où l’inceste est commis, renouvelé (ici par un oncle) et ses vagues n’ont cessé de submerger celle qui, comme beaucoup, se sentit coupable.
Pas néanmoins le moindre signe de consentement. Pire même. Au moment d’une de ses tentatives d’aveux de la monstruosité, la grand-mère lui renvoie comme seule réponse : “Tu l’as bien cherché”.
Et bien des filles ont reçu comme toute tentative de sauvetage un tel verdict.
Corinne Grandemange évoque cette histoire avec une précision et une clarté rares.
Rien que du factuel, et celle qui écrit depuis plus de trente ans et pour lequel un tel acte est “mon souffle” tenait à ce que La Retenue soit sa première publication.
Le texte est encore plus fort que ceux qui viennent d’être publiés car il évite toute allusion à des “stars”. Nous sommes dans l’anonymat comme chez Christine Angot.
Mais la langue est plus forte car s’y ressentent le souffle coupé et la colère plus que justifiée pour “raconter l’origine violée, celle qui laisse des marques à vie sur la victime mais aussi sur la famille et la société.
jean-paul gavard-perret
Corinne Grandemange, La Retenue, Des femmes — Antoinette Fouque, Paris, mars 2021, 144 p. — 14,00 €.
Bravo à Corinne Grandemange et aux éditions Des Femmes-Antoinette Fouque, œuvrant et ouvrant les chemins pour la liberté des femmes en France et dans le monde. Grand merci !