Cadavre exquis néo-surréaliste
Embarquée de concert sur le paquebot dirigé par Cassir et Cavaillé, une douzaine de poètes fait ce qu’elle peut pour éviter le naufrage de cet esquif.
Il y a là diverses imprécations dans l’esprit du temps de confinements et des méditations plus ou moins oniriques.
Le tout dans un cadavre exquis néo-surréaliste. Mais ici l’ensemble fait d’échos se veut trop intelligent pour que le lecteur se laisse embarquer ou dériver dans une véritable folie au sein d’une linéarité faites de cassures “en conquêtes minuscules / derrière l’opacité de certains mots” et selon un lyrisme parfois trop appuyé.
Manque — dans cette mécanique démontée et remontée du coeur et du choeur — tout ce qui échappe à la raison car la folie reste ici bien ordonnée.
Certes, se reconnaît la patte insidieuse de certains poètes comme Anne-Marie Jeanjean. Mais les altérités demeurent souvent autocentrées et concentriques.
Ce qui empêche à un véritable degré de liberté de suivre son cours. Même si s’élabore ici l’effort louable d’effacer chaque ego des intervenants.
jean-paul gavard-perret
Michel Cassir & Christian Cavaillé, Pas tout à fait la nef des fous, L’Harmattan, coll. Levée d’ancre, Paris, 2021, 80 p. — 12,00 €.