Cauda propose ici la femme-portrait d’un bovarysme où la trique remplace le spleen. Elle pompe et gicle sans jamais se retirer des paradis intimes de celle qui, du haut de ses vingt ans, offre au poète un rajeunissement. Il suffit qu’elle s’allonge et ne soit habillée que d’enivrante lumière.
S’invente — en rencontre des mots et images — une vie à l’envers où, armé d’un “clystère si démon”, le poète soigne celle qui, malade ou non, ignore totalement les migraines du soir.
Mais l’impétrant est un esthète et rêve, pour son spectacle intime, que la femme aimée — lorsqu’elle agite le bâton de berger de son acolyte — ne le fasse que sous le rythme de la “Passion selon saint Mathieu de Bach” avec comme commencement et fin la répétition.
Beaucoup se serait contenté de moins, mais pour Cauda tout hôtel de passe ou bois de châtaigniers exige un talent et une sensibilité à tous les orifices. Et ici ‚de tels offices sont scandés à façon.
Si bien que les turlupinades gourmandes obligent la gourgandine à “perdre de la cyprine” en séances tenantes où le diable se cache dans bien des détails et divers “miam à sa soif” écrit le poète néo-montparnassien.
Cette copulation incessante et exemplaire nécessite une santé aussi physique que poétique. Ici, nul décrépitude n’est de saison. Le crépi colle à l’abside. Et ce, en hommage à Rimbaud et sa musique qui trouve là un miroir.
L’homme en rut s’y fait “I rouge comme mon pantalon Ivre !“
Ainsi finit le chant des abysses dans le chas des abîmes.
jean-paul gavard-perret
Jacques Cauda, Le Pantalon ivre, Editions Quazac, 2021.
Jacques Cauda a bien choisi et trouvé le critique littéraire idéal pour ses publications ultra poétiques
Jacques Cauda est un sex addict inébranlable qui a le don du don. Ainsi copulent en lui les mânes de Casanova, Don Quichotte, Clovis Trouille et l’abbé Pierre pour réinventer l’histoire sans fin. Que les âmes sensibles s’égarent au poil de son pinceau ou au doigte de sa plume, voilà notre homme comblé, et nous itou, coquines et coquins étanchant grâce à lui notre pepie charnelle et cérébrale nous sommes. Ainsi soit-il.