Du Divin Marquis fascinant, révoltant, révolté, polémiste ce dictionnaire qui lui est consacré propose une quintessence de la vie, de l’oeuvre et des approches de celles et ceux qui se sont consacrés à sa lecture : Lély, Bataille, Barthes, Foucault et tant d’autres.
Un tel dictionnaire propose la théâtralisation thématique de tout ce qu’une telle oeuvre engendre encore d’illimité. Pour preuve, il a fallu attendre bien longtemps pour qu’un auteur — en l’occurrence Lacombe — se risque à cerner un tel ensemble.
Les entrées prouvent combien et par exemple le roman considéré jusque-là comme frivole et secondaire prend, dans la version sadienne, une manière de désobéir à une organisation rigide et étroite. Et si la liberté d’écriture de l’auteur ne provient pas directement d’une volonté de renier les codes littéraires, elle constitue un choix délibéré pour transmettre des idées subversives.
En optant pour une écriture laissant la part belle au théâtral, au discours philosophique (et pas seulement dans le boudoir), au roman Sade cherche non pas une marge mais une marche à suivre pour donner une compréhension plus profonde des rapports qui “unissent” et régentent les êtres entre eux.
Sade créa par bien des subterfuges, par une écriture et une pensée de l’outrance en ce “ tout dire ” que l’auteur ne cessa de revendiquer. Elle ne correspond à aucune règle, à aucun modèle clos et défini pour aller au tréfonds de l’homme et explorer ses limites.
Sade lorsqu’il se fait critique le précise lui-même : le romancier doit peintre l’homme dépossédé de son masque social, libre de s’abandonner au vice qu’il est forcé de contenir ou de travestir en vue du “ contrat social ” sur lequel repose la possibilité de vivre ensemble.
Avant de finir, laissons la parole au Marquis : “ L’étude profonde du coeur de l’homme, véritable dédale de la nature doit nous faire voir l’homme non pas seulement tel qu’il est ou qu’il se montre, c’est le devoir de l’historien, mais tel qu’il peut être, tel que doivent le rendre les modifications du vice et les secousses des passions ”.
Et Sade d’ajouter plus loin combien la vertu n’est nullement essentielle en art. C’est même le contraire qui la “justifie ”.
L’auteur a donc grand soin de nous rappeler que “ Ce n’est pas toujours en faisant triompher la vertu qu’on intéresse. ».
Non seulement le Marquis l’a affirmé, mais il l’a montré en ce théâtre de son existence et de son oeuvre dont un tel ouvrage rappelle tout le “mal” nécessaire que font jaillir de telles opérations — entendons ouvertures.
jean-paul gavarderret
Christian Lacombe, Dictionnaire Sade, L’Harmattan, Paris, février 2021, 642p. — 44,00 €.
Marie-Paule Farina tient haut et fort sa place dans ce dictionnaire tant attendu et enfin venu ! JPGP le salue comme il se doit … et sans rigoler .
merci beaucoup Villeneuve et merci Jean Paul Gavard Perret pour cette recension d’un dictionnaire Sade qui, effectivement, manquait
Merci Jean-Paul Gavard-Perret pour ce bel article sur le Dictionnaire Sade ! Et merci pour votre indulgence à propos des coquilles et autres erreurs typographiques…