Entre le fini et l’infini
Stefano Semeraro propose la narration plastique de paysages a priori sans grâce: Specchiolla est une petite station balnéaire fréquentée principalement en été, qui s’étend sur la côte de Brindisi dans les Pouilles où il a passé une partie de sa vie.
Cette zone fut, dit-il, son “point de référence pendant de nombreuses années car mes parents possédaient un restaurant près de sa falaise.”. Le photographe n’a compris qu’après avoir quitté ce lieu sa beauté cachée.
Les photographies illustrent combien éléments architecturaux et naturels coexistent mais aussi interagissent les uns avec les autres.
D’où la reprise de cette dualité architecture et nature qui se retrouvent dans d’autres pans de l’oeuvre.
Le nom Mare Rurale (Mer rurale) fait bien sûr allusion à la continuité entre terre et mer en contrastes étonnants. S’y découvrent de grands champs de couleur rouille, principalement cultivés avec des tomates, des champs de blé, des arbres fruitiers et des légumes locaux.
Ils créent un contraste avec la bande de mer bleue qui court en arrière-plan lointain.
Des murs en pierre sèche des vieilles constructions alternent avec des maisons de vacances modernes comme avec des constructions inachevées ou abandonnées au sein des figuiers et pins de mer entre dunes côtières et maquis méditerranéen.
Se créent des chevauchements dans le ralenti du tempo où se mêlent le temps, le lieu, la lumière.
Tout converge dans un drapé bienveillant entre le fini et l’infini en un suspens permanent.
jean-paul gavard-perret
Stefano Semeraro, Mare Rurale, 2021.