Paolo Ventura, Carousel (exposition)

Le double et la fic­tion

Carou­sel pro­pose un voyage exhaus­tif à tra­vers les œuvres de Paolo Ven­tura. Pho­to­graphe de mode, quand il a démé­nagé à New York dans les années 2000, il y fait preuve autant de maî­trise tech­nique au ser­vice de visions poé­tiques qui deviennent par­fois des nar­ra­tions sur­réa­listes.
Il sait recréer des atmo­sphères de la Pre­mière Guerre mon­diale en petits décors de théâtre et marion­nettes. Et depuis son retour en Ita­lie, il tra­vaille sur de nom­breux pro­jets expé­ri­men­taux. S’y mêlent pho­to­gra­phie, pein­ture, sculp­ture et théâtre. Dans, et par exemple, sa scé­no­gra­phie de “I Pagliacci” de Rug­gero Leon­ca­vallo avec le Tea­tro Regio de Turin.

Se retrouvent par­fois clowns, sor­ciers, jon­gleurs, sol­dats, cos­tumes et dégui­se­ments. Son goût pour les cos­tumes per­met d’effacer les iden­ti­tés ou plu­tôt de leur accor­der une dimen­sion intem­po­relle. “Ils me per­mettent de jouer les rôles d’individus et de les inter­pré­ter” pré­cise Ven­tura. Pour lui, le sol­dat est devenu un de ses per­son­nages récur­rents. Car un tel homme est obligé de perdre sa per­son­na­lité indi­vi­dua­li­sée au pro­fit d’une iden­tité réduc­trice et alié­née.
En consé­quence, la guerre est thème réma­nent de l’oeuvre qui ne cesse de jouer du double et de la fiction.

Ventura a pho­to­gra­phié par exemple le sque­lette d’une jambe trouve par un fer­mier près de l’ossuaire de guerre de Mon­te­bello. Peu de temps après, il est tombé sur la photo d’un offi­cier sans jambe. D’où l’idée de rendre visible en une mise en scène ori­gi­nale des sol­dats tom­bés et que per­sonne à l’époque ne vou­lait pho­to­gra­phier.
Cette expo­si­tion s’accompagne d’archives, des­sins, maquettes, décors, masques en papier mâché et cos­tumes de théâtre. Et s’y retrouvent les explo­ra­tions et ini­tia­tives actuelles du créa­teur qui voyage tou­jours entre réa­lité et imagination.

L’ensemble est com­plété par la mono­gra­phie Paolo Ven­tura. Pho­to­graphs and Dra­wings (Sil­vana edi­to­riale) qui ouvre une inter­pré­ta­tion ori­gi­nale de l’oeuvre et ses scénographies.

jean paul gavard-perret

Paolo Ven­tura, Carou­sel, CAMERA – Cen­tro Ita­liano per la Foto­gra­fia, Turin, du 17 sep­tembre 2020 au 28 février 2021.

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