Quand l’avènement d’un nouvel ordre mondial…
L’Allemagne nazie, avec l’Ahnenerbe cette structure créée par Himmler, voulait prouver que les allemands modernes descendaient d’une ancienne race aryenne supérieure aux autres groupes raciaux. Pour ce faire, de nombreuses recherches ont été menées dans presque tous les sens. On retrouve dans ce récit, une adaptation en bande dessinée du roman éponyme de Stéphane Przybylski, paru aux éditions Le Belial’ en 2015, les grandes composantes ésotériques, les grandes recherches farfelues menées par le régime nazi.
Si les bases de ces quêtes sont connues, elles ont servi à l’intrigue de tant de romans, films, BD, l’intérêt de ce diptyque réside dans les personnages principaux, leur parcours et les découvertes qu’ils sont amenés à faire, dans un cadre géopolitique fort bien rendu. Ainsi, le héros est plutôt tiède quant à l’adhésion aux thèses nazies, ce qui lui vaut de répéter régulièrement sa fidélité au Führer. Il va, non pas devenir nazi, mais être confronté à des éléments, des faits, des actes qui vont le marquer, des révélations qui vont remettre en cause certains fondements de sa personnalité et, peut-être changer la face du monde.
C’est le 9 novembre 1937, lors d’une commémoration à Munich, que Friedrich Saxhäuser, un agent du renseignement politique peu enclin à une telle ferveur, rencontre Andrea von Der Goltz, une jeune femme particulièrement exaltée. Malgré leur différence, ils deviennent amants.
En 1938, Andrea est nommée correspondante du journal du parti à Bagdad. Quelques temps après, Friedrich est chargé, par Himmler lui-même, d’une mission en Irak. Il doit convaincre un prince arabe de pencher du côté de l’Allemagne si celle-ci entrait en guerre contre la France et l’Angleterre, deux nations bien implantées dans la région. Il part là-bas sous couvert d’une mission archéologique menée par l’Ahnenerbe.
Lorsqu’un Cheikh fait état d’une société refermée sur elle-même et disposant de moyens très modernes en matière de défense, Friedrich et son équipe s’élantent sur ses traces à partir de Hatra. Il va faire une découverte exceptionnelle qui peut bouleverser le monde et rompre les fragiles équilibres humains…
Richard D. Nolane concentre le contenu du roman en deux tomes, ce qui amène une narration dense. La trame use de nombreux flashbacks et met en avant des dialogues étoffés.
Il existe de nombreux Château des millions d’années, mais le plus célèbre reste celui de Ramsès II, près de Louxor, en Égypte.
Le dessin réaliste est de Zeljko Vladetic qui propose des vignettes très encrées signant de belles mises en scène. La couleur de Facio rend palpable l’atmosphère des différents lieux. La couverture est l’œuvre d’Yvan Villeneuve. Celle-ci est remarquable car, en un passage, il donne l’essentiel du récit, l’esprit de l’histoire et les principaux intervenants ou inspirateurs.
En page de garde, une superbe carte de l’Europe et du Moyen-Orient permet de repérer les différents lieux de l’intrigue et l’emplacement du fameux château.
Ce premier tome est attrayant pour la galerie des protagonistes, par la tension du l’intrigue, et les découvertes qu’ils sont amenés à faire.
serge perraud
Richard D. Nolane (scénario d’après l’ouvrage de Stéphane Przybylski), Zelijko Vladetic (dessin), Facio (couleur) & Yvan Villeneuve (couverture), Le Château des millions d’années – t.01 : L’Héritage des Ancêtres, Soleil, coll. “Fantastique”, janvier 2021, 56 p. – 14,95 €.