Jan Voss et Daniel Bourdon entreprennent ce qui ne ressemble à rien. Et cela mérite un long exercice de science peu exacte — entendons la poésie et l’art.
Il faut y rassembler bien des forces et de l’humour. Et dans ce “statu quo” l’union fait la farce. Le monde est à poil sous les masques de Voss.
Il se fait clown pour électriser les Électre tel le Chevalier Inexistant de Calvino et ne cesse d’étonner et esbaudir. Tentant de répondre au “si je suis” cher à Beckett, Voss crée et Bourdon écrit moins pour qui sonne le glas que pour le temps s’écoule au moment où la capillarité des liquides devient de plus en plus grande.
Il faut les vidanger à grandes histoires d’O.
Qu’importe si les fêtes sont non païennes. Ici ” les occis-morts” ne sont que le revers de l’hétéronymie dans une ubiquité spectrale où le partout est dans le nulle part. Histoire de rompre avec les consensus littéraires et artistiques des bien-pensants qui pensent répondre à tout.
C’est-à-dire pas grand chose. Comme Rabelais et son “tout pour la tripe”, Jan Voss lui aussi à sa règle : “Tout pour la frite”.
Tout n’est pas ordonné. Au contraire. Et la patate peut être creuse.
Ce qui fascine ce n’est pas le chaos, ni l’infini, ni le présent, ni le loin, ni le proche mais de voir et de comprendre soudain que le monde physique est un langage .
jean-paul gavard-perret
Jan Voss &Daniel Bourdon, Statu quo, Fata Morgana, Fontfroide le Haut, 2019, 24 p. — 540, 00 €.