Benjamin Castaldi, Je vous ai tant aimés…

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On se pince pour y croire

Voici un livre que personne ne semble avoir (re)lu avant sa parution, pour étonnant que cela paraisse s’agissant d’un texte qui a deux coauteurs et un éditeur. (De toute évidence, il n’a pas bénéficié des services d’un correcteur.)
On y trouve des chiffres à propos desquels le lecteur est censé deviner qu’ils indiquent l’âge de divers personnages (pp. 10-11), des phrases consécutives dénuées de rapport logique (p. 156), des fautes de français grossières autant que nombreuses – dont “se finir“ au lieu de “finir“, “repère“ à la place de “repaire“ et “saut“ en guise de “seau“ -, des questions rhétoriques qui laissent perplexe, notamment “Pense-t-il qu’il n’a plus à rien sur scène ?“ (sic, p. 199), et même un passage qui s’achève par sa propre ébauche, qu’un distrait a oublié de supprimer (p. 267).

C’est dire que la formule “ni fait ni à faire“ revient à l’esprit maintes fois au fil des pages, et non seulement en raison des observations ci-dessus : de fait, l’ouvrage est bâclé à tous les niveaux, et en partie, pour des raisons qui auraient pu donner à Benjamin Castaldi de quoi réfléchir sérieusement avant de s’engager à l’écrire.
L’une de ces raisons, c’est que le petit-fils de Simone Signoret et d’Yves Montand ne connaissait pas sa grand-mère en tant qu’actrice, du vivant de celle-ci, comme il l’avoue franchement (pp. 67-68), et qu’il n’a guère de souvenirs personnels de la carrière de son grand-père.

Etant donné que ses principales impressions des deux stars ne vont pas beaucoup plus loin que celles de n’importe quel enfant au sujet des aînés qui le font goûter ou dîner, Benjamin Castaldi retrace le parcours de Montand et Signoret en abrégeant et en simplifiant le contenu des livres précédemment parus à leur sujet (biographies ou mémoires).
Si ce genre de “digest“ est acceptable pour des lecteurs peu instruits, le niveau de l’auteur ne promet pas de vraiment améliorer leur culture générale. On craint qu’ils n’acquièrent quelques idées fausses, par exemple quant au festival de Karlovy Vary, qui serait “l’équivalent de Cannes ou de Berlin“ (p. 119) d’un fameux hôtel russe décrit comme un “modèle d’architecture à la fois classique et soviétique“ (p. 129), ou de Z de Costa-Gavras, qui marquerait “un moment clé dans l’histoire du cinéma français“ (p. 201).

Mais il y a pire : la façon dont Benjamin Castaldi utilise le dialogue post-mortem avec Signoret pour se justifier d’avoir fait de la téléréalité.

agathe de lastyns

Benjamin Castaldi, avec la collaboration de Frédéric Massot, Je vous ai tant aimés…, Rocher, février 2021, 284 p. – 19,90 €.

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