Sol ciré
Sous prétexte (mais en est-ce un ?) qu’il y aurait “en toute femme une femme qui raisonne et une femme qui s’abuse, une femme qui sait et une femme qui s’obstine”, et en leur hommage, Jacques Cauda rassemble des fragments de souvenirs érotiques. Les siens.
Via — et au besoin — lu numéro de le revue Tel Quel où furent publiés les lettre de Joyce à Nora “la rouquine”. Elle éclaire et non seulement de ses cheveux le texte de l’auteur mais d’une certaine manière signe le livre en hommage au “gros mickey” que James lui offrit.
Celui qui se dit “un vieillard de soixante-cinq ans” et affirme ne vivre que dans les souvenirs, cultive encore ses “fantaisies” à la manière de Sterne, Arsène Houssaye, Nodier, Nerval et quelques autres. Cela lui permet de revivre certains moments de sa jeunesse plus qu’à bon escient.
Plus particulièrement, il se remémore ici l’année de ses 17 printemps. Ce fut le temps où il fréquentait les prostituées. Mais pas que.
Pour preuve, les lettres de son amour caché (Marianne) qui le nommait adorablement son “Dangereux jésuite”. Il n’est pourtant ni l’un ni l’autre même s’il aime à se grimer sous les artifices et artefacts d’un Jack l’éventreur. Existent dans ce livre moins des arguties que des péripéties mirobolantes.
L’auteur veut les faire avaler sous le transfert du grotesque et de la mélancolie. Mais personne n’est dupe. Ni Jack, ni ses lecteurs et lectrices.
Sa Marianne est d’un amour blessé que chacun(e) apprécie dès que le Mickey mousse.
jean-paul gavard-perret
Jacques Cauda, Gros Mickey, Editions Furtives, Besançon, 2020, non paginé.