Rester invincible contre vents et marées
Plutôt que dessiner ses poèmes sur les parois d’une grotte et quoique ne méprisant pas les troglodytes, Benoît Caudoux cultive le sinueux espoir de porter haut la poésie.
Et ce, au moyen d’oriflammes que les vers ont le souci d’amidonner pour, aux amis lecteurs, les donner même lorsqu’en drapeaux noirs (ce qu’ils sont presque toujours) ils flottent sur diverses marmites.
Certes, les marmitons qui mitonnent leur sauce à l’égo sans goût ne sont pas les plus dignes zélateurs d’un art dont l’auteur et philosophe fait comprendre le design que toute métrique impose.
Il sait qu’il n’existe d’étreinte blanche donc nulle que dans celle de poèmes qui croupissent en absence de fluides par le déjà dit.
Et l’auteur rappelle que, sous la querelle des mots, tout poème impose — sous un mat invisible — ce qui brise les syllabes par claquements et dans le déni des étendards qui l’ont précédé.
Le poète est donc l’ultramarin corsaire qui ne se fige jamais devant l’immuable des formes fixes.
Aucun credo n’assigne de limite à la poésie.
Tel un Elysée Reclus de la poétique, Caudoux ramène à une parole qui se doit — non sans humour — de rester invincible contre vents et marées.
jean-paul gavard-perret
Benoit Caudoux, Drapeaux droits, éditions Héros Limite, Genève, décembre 2020, 120 p. — 16,00 €, 22.40 chf.