La photographie, pour Eugène Atget, était une poésie plus qu’un état des lieux. “Peintre” de Paris, le photographe apparaît comme celui qui, du réel, sait autant en laisser qu’en prendre.
Paris est vidé de ses présences humaines en 150 images magnifiquement reproduites.
Sortie du fond Atget au musée Carnavalet (plus de 9000 images), cette sélection va de la fin des années 1890 jusqu’en 1925.
Elle montre l’importance de l’oeuvre et l’influence qu’elle a eue : entre autres chez les photographes américains.
Cours, coins de rue d’un Paris en pleine mue, sont vus selon des cadrages impressionnants dans les jeux d’ombre et de lumière.
La modernité naissante est là et porte vers l’abstraction selon certaines perspectives “constructivistes”.
Le pittoresque tient moins de l’émerveillement que d’une certaine dureté et la tristesse — du moins une mélancolie — vient dans les perspectives d’un monde périphérique plus que bourgeois, mais non parfois sans drôlerie.
Art du détail, du vide, de la lumière, la photographie sort ici du cliché pour des découvertes lyriques que Walter Evans a bien compris.
Le point de vue n’a rien de désabusé : Atget cherche à donner la vérité sensible de coeur de la ville.
Au moment où il se met à changer plus vite que celui des mortels.
jean-paul gavard-perret
Eugène Atget, Voir Paris, Atelier EXB (éditeur), novembre, 2020, 224 p. — 42, 00 €.