Voici deux nouveaux titres dans la déjà très culte collection doAdo Noir
Le département Jeunesse des éditions du Rouergue annonce le lancement d’une nouvelle variante dans la collection “doAdo”. Deux titres à paraître en avril pour fêter la naissance de “doAdo Monde” : Avaler tout cru et “halom salam maintenant. On vous en reparlera très prochainement. Pour ce mois de mars, voici deux nouveaux titres dans la déjà très culte collection “doAdo Noir”.
Depuis sa création, en 1998, “doAdo”, collection pour adolescents, a accueilli une cinquantaine de romans. Abordant des thèmes singuliers. Réalistes ou intimistes. Parfois dérangeants. Une littérature en mouvement qui traite de situations contemporaines. Des questionnements de notre époque.
En 2006 la mère eut son premier enfant. Vilain petit canard. “doAdo Noir” est sans concessions. Il a mauvais genre ! Il englobe polars, thrillers, romans noirs ou fantastiques. Il fiche le bourdon. Il donne le frisson. Des histoires à vif.
Sylvie Deshors, Anges de Berlin
Ils sont de retour. Non pas les anges de Wim Wenders. Mais de plus obscurs. Sous prétexte de fêter la fin du bac, Mary emmène sa fille. Sur un coup de tête les voilà parties. Train de nuit. Solti découvre alors une ville en pleine lumière. Un concert rock. Et… sa mère disparaît.
Normalement, ce sont les filles qui se tirent. Pas les mères.
Le Live 8 devient dérisoire. Le plaisir fait place à l’angoisse. Malgré un message rassurant de Mary, Solti a peur. La jeune ado se fait des amis. Un DJ. Et un couple de punks. Pas l’idéal pour mener une enquête. Quoique. Sur fond des Années de Plomb la traque s’engage. D’autant qu’une jeune Turque est assassinée. Le passé refait surface. Les groupes terroristes de l’extrême gauche planent sur les mémoires.
Sous prétexte d’une enquête policière, Sylvie Deshors dépeint l’histoire contemporaine de l’Allemagne réunifiée avec malice. Abordant aussi bien les thèmes de la lutte des classes. Que maniant les arcanes du genre. Elle parvient à donner un souffle captivant à son intrigue qui tiendra en haleine tout lecteur imprudent qui aura l’audace de lire le premier chapitre…
Encore plus incorrect, ce Rouge métro à ne pas mettre entre de trop jeunes mains. Ici le choc des mots révèle la brutalité du quotidien. L’impossible univers de nos cités polluées. La descente aux enfers des SDF. D’un surtout. Yeux Verts, comme le nomme Cerise. Gamine de quinze printemps témoin d’un massacre. Sensible, émotive, curieuse, l’enfant arpente les rames de métro pour relier la proche banlieue où habite sa mère. Et République où elle retrouve son père. Une semaine sur deux. Elle est donc habituée. Mais un soir d’été, il fait trop chaud. Yeux Verts pète les plombs.
Très beau texte sur l’indispensable solidarité que nous nous devons. Sur le malheur que l’on côtoie chaque jour sans le voir. Sans vouloir le voir. Mais attention à ne pas sombrer. À ne pas absorber toute la misère du monde. Comme Cerise. Trop sensible. Trop jeune sans doute pour savoir se protéger. À moins que ce soit sa candeur et sa générosité qui l’ait sauvée du massacre. Qui sait…
La particularité de ces deux livres-là, c’est aussi leur écriture. Outre la simplicité de la narration, le style est souple, aérien. Enjoué. On admet très vite que les parents auront autant de plaisir à les lire que leurs enfants. Comme quoi. Il n’y a pas d’âge. Il n’y a plus de différence. Très vite, le texte l’emporte sur l’histoire. Le style, toujours le style. L’adolescent découvre ici ce qu’est la qualité d’une narration. Un petit plus pour les pousser à aimer la littérature !
annabelle hautecontre
Sylvie Deshors, Anges de Berlin, éditions du Rouergue coll. “doAdo Noir”, mars 2007, 224 p. — 10,00 €
Dès 15 ans.
Claudine Galea, Rouge métro, éditions du Rouergue coll. “doAdo Noir”, mars 2007, 128 p. — 7,50 €
Dès 13 ans.