Un pour tous, tous pour une ! Les Mousquetaires de Belleville doivent sauver une victime de l’esclavage moderne, la petite Malala, une Malgache.
Ils sont quatre irréductibles amis depuis la maternelle, ils habitent Belleville et représentent bien cette nouvelle génération multiraciale qui fleurit aujourd’hui. Maintenant, ils sont grands, au collège, en 6e. Joseph, dit Bouboule, mais seulement par ses amis, a le côté bon enfant et débonnaire de Portos. Cependant, nos Mousquetaires ne représentent pas, poste pour poste, ceux du grand Alexandre Dumas. Pas d’Athos noble ni d’Aramis religieux. Non, nos amis ont tout simplement un grand cœur tout empli de générosité. Ils sont bons. Au milieu de Bouboule, Hakim, Miki et Diembi, a surgi Lisa dont est tombé amoureux fou le fougueux Diembi. Celui qui se rapproche le plus de D’Artagnan.
Elle, c’est Malala. Les après-midi, elle promène le petit Julien, un an, dans un parc. Pour Bouboule, elle représente un doux mystère. Mais Malala est farouche et ne se laisse pas approcher. Ses vêtements, par leur qualité et leur usure, tranchent avec ceux du bébé. Qui plus est, à son âge, Malala n’est pas scolarisée. Bouboule est amoureux. Pendant ce temps-là, Malala chante des berceuses malgaches.
Izy hono, izy ravorona, ô !
Izy hono, izy ravorona, ô !
Ento manaraka anao ô
Rahefa mangina avereno ô !
Tiens le voilà, ô toi l’oiseau !/Tiens le voilà, ô toi l’oiseau !/Ô emporte-le avec toi !/Ramène-le quand les pleurs s’arrêteront.
Et puis, les grands acceptent de rentrer dans la danse. Une assistante sociale et un ancien directeur d’école. Ensemble, ils se débrouillent pour que Malala soit libre d’aller à l’école, où elle s’endort pendant les cours. L’abnégation de nos Mousquetaires n’y fait rien. Malala disparaît. Repartie à Madagascar d’après sa tante. Au 70bis, rue de Belleville, l’appartement où habitait Malala, tenu par des attachés de l’ambassade, est férocement gardé. Pourtant, les Mousquetaires sont convaincus que Malala y est séquestrée. Pour alerter la police, nos aventuriers ont besoin de preuves tangibles. Ils décident de s’introduire dans l’appartement un samedi soir.
Bien sûr, la vérité est glauque à souhait. Stéphane Daniel dépeint très bien les sentiments de cette gamine pour qui l’esclavage moderne est normal. Et c’est bien là le problème : il est inacceptable que cet état de fait soit érigé en norme. Les adultes — comme madame Rahana — sont des êtres répugnants qui doivent être punis. D’autant que leur méchanceté et leur mesquinerie dépassent des sommets. Si cette histoire est une histoire sociale et sentimentale qui finit bien, c’est aussi un récit qui amène un peu de Madagascar à Belleville et dans le cœur des lecteurs, contribuant encore plus à l’exotisme du quartier et à notre édification.
Le Mystère Malala peut se lire à partir de 10 ans.
julien vedrenne
Stéphane Daniel, Le Mystère Malala (Les Mousquetaires de Belleville), Éditions Casterman jeunesse, août 2005, 116 p. — 6,50 €.