Derrière des portraits les plus crus se cachent de fait des autoportraits “sublimés” de manière monstrueuse.
Ils sont donc inducteurs de connaissance et d’une forme de vérité révélée hors de ses gonds.
Nous sommes loin de Watteau, de Van Gogh, l’artiste devient celle qui peint, qui raconte. Elle se fait la témoin de l’inconscient à travers des figurations à la fois colorées mais mangées par l’ombre.
Ivre de tels personnages, Anne Van der Linden semble s’éprendre d’eux.
Tout un bestiaire se mêle aux corps nus qui se livrent à divers types de stupres et de fornications dans un univers sauvage, mythiques, aussi moyen-âgeux que de science-fiction. Existe un éloge de l’inachèvement là où tout se défait et se reconstruit dans un fatras drôle et corrosif.
L’histoire de l’humanité (si elle mérite encore ce nom) se retrouve stricto-sensu cul par-dessus tête et au milieux des ruines.
C’est joyeux et giboyeux là où se produisent de nouvelles généalogies plus charnelle que métaphysiques même si certains signes cabalistiques peuvent laisser penser le contraire. Les fragrances de la représentation s’opposent à toute vanité entre écorchements et copulations.
Le démon devient le maître du jeu et c’est bien mieux qu’un facteur (même s’il sonne deux fois) ou qu’un abbé de cour mélancolique.
jean-paul gavard-perret
Anne Van der Linden, Amour vache — peintures et dessins 2015 à 2020, texte de Christophe Bier et Xavier-Gilles Néret, Editions erotic-art, 2020, 212 p. — 18, 00 €.