Marie-Paule Farina, Flaubert, les luxures de plume

Flau­bert n’est plus spectral

Grâce aux lettres de Flau­bert, Marie-Paule Farina crée tout un jeu de “cor­res­pon­dances” non seule­ment entre les amis et l’amoureuse (pro­vi­soire) mais sur­tout entre l’homme et l’œuvre.
Dans une suite de cha­pitres cou­ron­nés chaque fois d’une cita­tion qui met le feu aux poutres, l’auteure ne se perd jamais dans un Flau­bert tel qu’on le rêve ou le momi­fie : à savoir ascète et for­ma­liste parfait.

L’essayiste débou­tonne le gilet du maître, ce qui ne fait pas for­cé­ment enfler son ventre mais ramène son pro­prié­taire à un humain plus humain, drôle, en rien fiché dans sa tour d’ivoire et tout sauf atra­bi­laire.
Marie-Paule Farina le rend peut-être plus amène qu’il était. Mais loin d’un por­trait psy­cho­lo­gique le plus juste pos­sible (ce qui serait une vue de l’esprit), l’essayiste le rap­proche de nous autant par le cor­pus de l’intime que les lettres consti­tuent que les divers rap­pro­che­ments ami­caux ou lit­té­raires que la cor­res­pon­dance précise.

Flau­bert appa­raît ici moins en mor­sures de “dis­pu­ta­tio” que en farces et dou­ceurs inat­ten­dues. La légende (inven­tée) par les thu­ri­fé­raires de l’œuvre fond.
Le per­son­nage dont le livre reste l’enjeu est donc perçu selon des direc­tions qui sont, comme l’indique le titre de l’essai, de l’ordre du plaisir.

Celui d’écrire mais tout autant de lire et de vivre. Flau­bert n’est plus spec­tral. Marie-Paule Farina se livre à un néces­saire ménage pour faire briller divers types d’extases de celui qui, s’il fut estimé ermite, ne l’était pas trop. Et c’est peu dire.
Sa contri­bu­tion à son propre plai­sir passe par divers types d’illuminations plus ou moins intempestives.

L’essai per­met en consé­quence, par frag­ments et vignettes, d’offrir un Flau­bert aussi drôle qu’orphique.

jean-paul gavard-perret

Marie-Paule Farina, Flau­bert, les luxures de plume, L’Harmattan, 2020, 166 p. — 18, 50 €.

3 Comments

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3 Responses to Marie-Paule Farina, Flaubert, les luxures de plume

  1. Villeneuve

    Marie-Paule Farina a mis en lumière le double jeu de Flau­bert . JPGP le sou­ligne avec pers­pi­ca­cité . Lisez , lisez , vous en serez récompensé !

  2. DALLET

    Votre style répond avec humour et panache au style de Marie-Paule Farina.
    Merci de ce réponds.

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