Sacrée prise de bec / L’enfant qui mangeait les nuages

Deux manières de par­ler en images de la soli­da­rité entre voisins

Les édi­tions du Rouergue affichent une belle vita­lité en ce qui concerne les col­lec­tions d’albums. Non consen­suels, plus vrai­sem­bla­ble­ment des­ti­nés aux affreux jojos qu’aux enfants sages, ori­gi­naux voire nova­teurs tant au niveau de la mise en page, des sujets trai­tés (sou­vent inso­lites ou graves) que par le choix des illus­tra­tions, ces ouvrages pour­ront dérou­ter quelques adultes mais sus­ci­te­ront les ques­tions des enfants ou sim­ple­ment les feront rêver. Parmi les titres de cette ren­trée, deux abordent le thème de la soli­da­rité entre voisins.
 
Texte de Laura Jaffé, illus­tra­tions de Chris­tine Destours
 
Dans la très grande mai­son plan­tée au car­re­four des quatre hori­zons, les voi­sins ne s’entendent pas très bien et cha­cun épingle sur le tableau des récla­ma­tions des petits papiers pleins de griefs en tous genres. D’après le coq, la girafe se sert de son long cou pour espion­ner, le vieux singe apprend aux pous­sins à faire des gri­maces, le chat se lèche sans arrêt le der­rière, les oies blanches gloussent dans l’entrée en ren­trant du lycée et le tau­reau est alcoo­lisé de bon matin. Mais un évé­ne­ment met en péril la très grande mai­son et les habi­tants vont devoir s’allier…
Dans un petit for­mat carré s’ébattent de page en page des ani­maux qui nous res­semblent curieu­se­ment ; des­sins aux cou­leurs vives alliant col­lage et pein­ture, per­son­nages expres­sifs et texte sur le mode de la ran­don­née assurent drô­le­rie et dyna­misme à cette his­toire qui parle de la dif­fi­culté à vivre ensemble. Un album que l’on pourra appré­cier dès l’âge de 3 ans. 
 
 
Texte d’Agnès de Les­trade, illus­tra­tions d’Aurélia Fronty
 
L’enfant habite au der­nier étage d’une tour sur­plom­bant la ville. La tour est si haute qu’on dirait qu’elle touche le ciel. Et elle est si grande que ses habi­tants ne se connaissent pas. Cha­cun vit dans son petit appar­te­ment comme s’il était le monde à lui tout seul.
 
Pour des lec­teurs plus âgés, voici un conte moderne sur la dif­fi­culté à nouer des rela­tions en milieu urbain. Au som­met de sa tour l’enfant s’ennuie, alors il regarde pas­ser les nuages aux jolies formes pom­mées et se met à les cro­quer un à un, tant et si bien que plus une goutte de pluie ne tombe. La séche­resse s’installe et bien­tôt il n’y a plus d’eau au robi­net. Sous les quo­li­bets, un vieillard creuse la terre aride avec son bâton ; l’enfant vient à son aide et peu à peu d’autres habi­tants de la tour se joignent à eux et se mettent à creu­ser. Des adultes, mais aussi des enfants…
Une his­toire poé­tique dont les illus­tra­tions très colo­rées s’inspirent direc­te­ment de l’art tra­di­tion­nel mexi­cain et s’organisent en tableaux. Le texte, dénué de toute déma­go­gie, s’inscrit dans des car­touches et fait com­prendre sim­ple­ment au lec­teur à quel point nous avons besoin des autres pour vivre.
À par­tir de 5 ans.

patri­cia chatel

Laura Jaffé, Sacrée prise de bec, ill. de Chris­tine Des­tours, Edi­tions du Rouergue, octobre 2006, 40 p. — 17 x 17 cm — 10,50 €.

 Agnès de Les­trade, L’enfant qui man­geait les nuages, ill. de Auré­lia Fronty, Edi­tions du Rouergue, octobre 2006, 40 p. — 21 x 19,5 cm — 13,00 €.

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