Et si le Covid-19 qui sort de nulle part…
En matière de space opera, de science-fiction ou d’anticipation, Christophe Bec possède un talent certain. Il maîtrise la manière de poser, à travers des récits qui ne semblent relever que de l’aventure, un certain nombre de questionnements très actuels, tant relatifs à nos sociétés qu’à la vie sur la planète ou la vie de la Terre.
Dans ce diptyque, il propose une humanité face à une pandémie qui réduit la population terrestre des trois quarts. Celle-ci provient d’une source qui se révèle être parfaitement programmée pour atteindre le but qui lui a été fixé.
L’humanité est menacée de disparition par une pluie de cendres. La source de cette pluie finit par être localisée. L’origine se situe sur le satellite de Mars, Phobos. Une mission américaine, dirigée par la capitaine Silvia, est envoyée sur place. Comme il est impossible de mettre des actions en commun, une équipe sino-russe est également envoyée. Lorsque ces derniers débarquent, avec un peu de retard, ils décident de suivre la piste laissée par ceux qui les précèdent.
Ceux-ci ressentent, en se dirigeant vers le cœur du satellite, une étrange atmosphère, le satellite semblant se transformer sous leurs pas. Pourtant, ils ne détectent aucune présence. Parmi le groupe, c’est Jacoby, un autiste, qui perçoit le mieux la tension et propose de s’en aller, ce qui déplaît à Silvia, une va-t-en-guerre. Et puis, c’est le drame. Des sortes de lames tranchantes surgissent et massacrent l’un d’eux.
Cependant, il faut assurer la mission. Phobos semble s’adapter et se réorganiser en fonction des personnalités de ceux qui progressent en son sein. Tour à tour, ils sont confrontés à leurs peurs, leurs erreurs, leurs faiblesses.
C’est comme s’ils devaient passer des épreuves. Et soudain…
L’auteur donne un scénario dense, aux nombreux dialogues, basant son récit sur ce qui peut, en dernier recours, être une nécessité et sur des notions humanistes fortes. Fabrice Neaud a pris en charge le dessin, laissant le soin de la mise en couleurs à Simon Champelovier.
Ensemble ils proposent des planches d’une grande beauté, des pleines pages superbes, des vues de l’espace fort réussies.
Le dessin réaliste, au trait énergique, de Fabrice Neaud, s’adapte au contexte dicté par le scénario donnant de belles perspectives de cet artefact qu’est Phobos tant à l’extérieur qu’au sein du satellite. Les personnages, engoncés dans leurs scaphandres, restent dynamiques et les nombreuses toniques sont bien rendues.
Avec La Machine, Christophe Bec clôt de façon magistrale un diptyque intéressant pour l’action, l’aventure céleste, le thème, le graphisme fort réussi.
serge perraud
Christophe Bec (scénario), Fabrice Neaud (dessin) & Simon Champelovier (couleurs), Labyrinthus – t.02 : La Machine, Glénat, coll. “24x32”, octobre 2020, 64 p. – 14,95 €.