Dans ce troisième volet, dans cette fin de cycle, Arleston livre tous les secrets et apporte les réponses aux nombreuses interrogations suscitées par les avatars vécus depuis le début par les deux héros que sont le marmiton et l’étudiante de maître Waïwo, le puissant mage. Mais en conteur hors-pair, le scénariste multiple les difficultés avant de permettre aux tourtereaux de se retrouver.
Il multiplie les bons mots, emprunte et dévoie avec bonheur des citations, des objets. Ainsi, il place aux pieds de Lerëh, des bottes de sept lieux, c’est-à-dire de sept endroits différents où la porteuse peut être envoyée en claquant des talons. Mais les lieux ne sont pas toujours propices pour faire ce que souhaite la porteuse. Un navigateur voyant son bateau bien malmené s’écrie : “Oh, mon bateau ! Oohohooh !” Un autre lui répond : “C’est le plus beau des bateaux !” Phrases empruntées à une chanson qui fut célèbre en son temps.Mais au-delà de l’humour, Christophe Arleston place quelques réflexions qui ne sont pas sans interpeller comme, par exemple, quand il fait dire à un de ses personnages : « Le bonheur dans l’ignorance. »
Parce que la bibliothèque des mages de Kampiam a été en partie détruite, ils somment leurs collègues du petit royaume de Fragonos de leur donner la leur. Deux courants s’opposent. Celui mené par Unboudfröh veut lutter jusqu’à la mort alors que celui de Cetredöh, jugeant le royaume trop faible, veut céder aux exigences. C’est au Salon Serein que les deux dirigeants, au milieu des fuffs, trouvent le compromis.
Arrivent à Fragonos, Lyreleï qui a volé le corps de Lerëh, sa fille, Nuwan, le marmiton habité par le Danthrakon, le livre de toutes les magies, et Garman. Lyreleï veut extraire le grimoire du corps de Nuwan pour partir avec lui. C’est dans le sous-sol du Salon Serein que le transfert peut se faire, là où il a été écrit, dans l’antre de Tinpuz. Pour éviter les interférences elle a empêché le petit animal de compagnie de Nuwan de rentrer. Elle lance l’opération. Mais dehors, le fuff de Nuwan rameute les siens et ils s’activent jusqu’à retrouver la magie.
Le graphisme, qui se partage entre Olivier Boiscommun pour les dessins et Florence Torta pour les couleurs, apporte une véritable plus-value au récit. Avec son trait dynamique, ses personnages animaliers du plus bel effet, ses décors détaillés, Boiscommun réalise une belle mise en images tout en mettant en avant une mise en page conjuguant créativité et tradition. La colorisation efficace, d’une belle facture, donne une charmante gaieté aux planches et place les effets magiques avec réussite.
Aventures, humour, jeux de mots, actions, tous les ingrédients sont réunis pour une histoire attrayante, un bon moment de lecture.
serge perraud
Christophe Arleston (scénario), Olivier Boiscommun (dessins) & Florence Torta (couleurs), Danthrakon – t.03 : Le Marmiton bienheureux, Bamboo, label “Drakoo”, octobre 2020, 56 p. – 14,90 €.