Qui a dit qu’une encyclopédie était ennuyeuse ?
Les Mondes d’Aldébaran est une saga scénarisée et dessinée par Leo, composée, pour l’heure, de 24 albums répartis en cinq cycles.
La saga s’amorce après la découverte, en 2047, d’une planète habitable en orbite autour de l’étoile Aldébaran. En 2055, une mission d’exploration ouvre la voie et, en 2078, 1500 colons partent fonder la première colonie humaine hors du système solaire. Différents accidents empêchent de poursuivre la colonisation. Le satellite assurant la liaison entre les colons et la Terre tombe en panne. C’est un siècle après que commence la saga.
Kim Keller, qui deviendra l’héroïne emblématique, a 13 ans quand s’ouvre le premier album en février 1994. L’auteur la présente comme une adolescente délurée, voire une petite peste. Lorsque le cinquième cycle se clôt, elle a 26 ans, a vécu de très nombreuses aventures. Leo en fait la première humaine à avoir un enfant avec un extraterrestre, Sven, un Tsaltérian.
Dans Aldébaran, le premier cycle de cinq albums, Kim et Marc Sorensen voient leur destin basculer face à une série d’étranges phénomènes maritimes et une terrible catastrophe.
Le second cycle de cinq tomes, entraîne tout un groupe d’humains, descendants des colons, sur Bételgeuse, sur les traces d’un vaisseau spatial qui ne donne plus de nouvelles.
Kim est de nouveau sollicitée pour mener l’exploration d’Antarès (six épisodes), une planète peuplée de redoutables prédateurs. Devenue la mère d’une petite Lynn, elle doit protéger sa fille, faire face à des situations dangereuses, à l’extrémisme religieux et aux soubresauts de tourments amoureux.
Avec Survivants (cinq albums), le quatrième cycle, Leo joue avec les perturbations temporelles et introduit une nouvelle équipe de protagonistes autour de Manon, une inédite héroïne.
C’est dans le cycle suivant (trois tomes), Retour sur Aldébaran, que la rencontre entre Kim et Manon va avoir lieu par le biais d’un bond temporel dans le futur.
Cette œuvre offre un déferlement, un maelstrom d’aventures, de découvertes, servies par une créativité débridée tant pour la faune que pour la flore, faisant une large place à l’humanisme et à des valeurs altruistes essentielles. L’auteur détaille alors, en neuf chapitres, l’univers crée par Leo en présentant, explicitant, précisant les planètes en jeu, les paysages, les personnages, les animaux, les non-humains, la société, les relations intimes, la science et la technologie, pour finir par la vie quotidienne.
Une riche iconographie, parfaitement adaptée au sujet traité, donne une irrépressible envie de retourner se plonger dans les albums.
Dans une dernière partie Christian Quillien, qui a longuement interviewé Leo en 2019, livre des secrets de fabrication de la saga, des influences, en particulier celle de Moebius (alias Jean Giraud auteur du célébrissime Blueberry), et un dossier étoffé de toute beauté, présentant, entre autres, Leo avant Aldébaran.
Un magnifique album qui condense une œuvre magistrale, un joli cadeau à glisser sous un sapin vers le 25 décembre.
serge perraud
Christophe Quillien d’après l’univers de Leo, Les Mondes d’Aldébaran — L’encyclopédie illustrée, Huginn & Muninn / Dargaud, octobre 2020, 200 p. – 26,95 €.