Des découvertes passionnantes !
Le 21 Ventôse de l’an VII de la République, Bonaparte est à Jaffa. Il cache, dans le lazaret des lépreux, un talisman, une arme secrète que lui ont donnée Joséphine et Talleyrand.
En ce mardi 10 avril 2012, une Pénélope Breuil nouvellement nommée au Louvre, son Graal, au sein du département égyptien, assiste à la visite de contrôle annuelle de La Joconde. Bien qu’ayant atteint son but, Pénélope est désespérée. Wandrille l’a quitté pour Diane, la fille d’un patron du CAC 40.
Seuls quelques privilégiés peuvent assister à ce JOUR de la Joconde. Participent, entre autres, un ambassadeur italien accompagné de la princesse de Salerne, une descendante des Bourbons. Celle-ci possède un Botticelli de toute beauté que Léonard, directeur du département des Peintures, voudrait bien avoir dans ses salles. Dehors, Les Bottes vertes, des agriculteurs manifestant contre des taxes, veulent envahir les lieux. Géraldine Lalouette, la présidente du musée réussit à les calmer, évitant des dommages irrécupérables.
Mathieu Grandville, le patron de Chantilly, présent au Louvre avec La Joconde nue, oriente la princesse vers le professeur Leduc, le fou de l’ADN des familles royales. Pour retrouver son rang, elle veut prouver que Napoléon III n’est pas le neveu de Napoléon. Poussée par Léonard, son ami, Pénélope accepte une mission en Egypte sur le site copte de Baouît qui relève de son département.
Mais le meurtre d’une agente de surveillance, dans le Musée de Tau à Reims, jette l’effroi dans le monde de l’art, d’autant que seule la chevalière de Néfertiti, offerte par Eugénie au musée, a été volée.
Après Bayeux, Versailles, Venise et Giverny, Pénélope est confrontée à une nouvelle intrigue qui trouve ses sources dans un des pays les plus riches en matière d’archéologie. Entre le vol de cette bague conservée au sein des trésors des rois de France, un attentat, les filiations diverses et variées des Bonaparte, les bâtards engendrés depuis ce Parc-aux-Cerfs si cher à Louis XV, les secrets de Joséphine de Beauharnais, Talleyrand… il y a matière à embrouilles et recherches.
Napoléon-le-Petit, comme l’appelle Victor Hugo, est-il vraiment le neveu de l’Empereur ? N’est-il pas issu d’une filiation plus complexe, plus discrète ?
Si le romancier promène ses héros de Jaffa au Louvre, de Chantilly à Reims, des monastères de Baouît à Gizeh, il introduit un nombre conséquent de protagonistes. Si quelques-uns des contemporains relèvent de la fiction, les autres sont tous authentiques, des Napoléon et leur entourage aux personnages moins médiatiques mais tout aussi intéressants. On trouve le comte de Flahaut, un militaire fort bien de sa personne qui traverse les bouleversements de régimes sans en souffrir, comme s’il était protégé.
Cette période ne peut s’évoquer sans un Talleyrand toujours actif dans tous les domaines, cultivant à merveille diplomatie, goût de l’intrigue et du secret.
Sur les pas de Pénélope, Adrien Goetz fait découvrir des aspects du Louvre peu connus du grand public. Il détaille cette fameuse journée où des experts examinent cette si fragile petite planche de peuplier.
Le romancier livre nombre d’informations, d’anecdotes, telle ce capitaine Bouchard qui a découvert la Pierre de Rosette, mais l’a laissé sur place. Elle a été récupérée quelques années plus tard par les Anglais qui en ont fait une œuvre majeure du British Museum.
Il sait raconter avec humour, avec un ton malicieux, ces anecdotes, avec des touches délicieuses les rapports entre les individus. Il tisse des liens subtils entre des événements historiques et des situations vécues par ses personnages de fiction. Ainsi, il fait un parallèle entre la répudiation de Joséphine par Napoléon et celle de Pénélope par Wandrille.
Il brocarde joyeusement certains des travers humains, l’hôtellerie et le ministère de la Culture égyptien. Possédant une grande curiosité, il a la capacité de s’abstraire du “régalien historique” pour puiser dans la culture populaire, mettre en avant Arsène Lupin et citer parmi les historiens de renom Blake et Mortimer.
On retrouve dans cet opus tout ce qui fait l’intérêt de la série, une découverte de certains aspects artistiques, historiques servis par un art du récit, un humour délicieux, des images si parlantes et une érudition sans faille.
Un grand moment de lecture !
lire un extrait
serge perraud
Adrien Goetz, Intrigue en Égypte, Grasset, octobre 2020, 304 p. – 19,50 €.