Avec Brise, Bernard Grasset achève le cycle de ses poèmes librement inspirés de la Bible. Mais il s’agit moins d’une conclusion que d’un accomplissement poétique où la qualité tient à l’épure d’un souffle. L’expérience du poète y est condensée.
Créant “entre sang et ciel”, il inscrit la plus juste des présences sans le moindre affect superfétatoire.
Reste l’essentiel d’un chemin par-delà “errance et péril”. Une lumière demeure dans ces pages de vie. Bernard Grasset retient l’essence de paysages tant intérieurs qu’extérieurs — mais toujours dans la même économie de moyens.
Et s’il fait le point final (du moins au sujet d’un tel cycle), celui-là n’est en rien statique.
Le poète, via la Bible, s’invente, se redéfinit. Dans le lyrisme si particulier qui est celui de la simplicité. Que demander de plus à la poésie ? Surtout lorsque la décision radicale qui la caractérise l’impose. Grasset y ose son intimité sans la moindre posture égotique.
Il n’a de cesse d’aiguillonner ses labyrinthes. Ils ressemblent à des chats errants. Le poète n’en accentue pas le museau et les griffes mais l’espace qu’ils habitent.
L’auteur fabrique une perspective que nous voulons ignorer au non d’une incompréhension sidérante des messages premiers. Mais l’instinct vital et poétique permet de remettre le monde et l’individu en place.
C’est aussi une manière de chasser nos déserts d’ennui pour un retour à l’essentiel, pendant que “la brise souffle encore”. Jabès n’est pas loin.
jean-paul gavard-perret
Bernard Grasset, Brise, Jacques André éditeur, coll. Poésie XXI, Lyon, 2020, 50 p. — 13,00 €.